Châtillon-sur-Chalaronne réutilise ses eaux usées traitées pour le nettoyage et l’arrosage municipal (01)
Pour mettre en conformité son traitement des eaux usées et éviter les rejets d’azote et de phosphore dans la Chalaronne, la ville de Châtillon-sur-Chalaronne a investi massivement dans la construction d’une nouvelle station de traitement des eaux usées (STEU).
Plus performante, cette STEU est dotée d’un traitement tertiaire aux UV, qui permet d’améliorer la qualité des eaux rejetées. La commune a ainsi pu mettre en place la réutilisation des eaux usées traitées (REUT).
Pour un surcoût de 48 000 euros HT, elle dispose maintenant de 1000 m3 d’eau par an pour arroser les espaces verts, nettoyer la voirie, la STEU et les réseaux d’assainissement.





Entretien avec Didier Jaffre, directeur du service technique
Ce projet est présenté par :
- Didier Jaffre, directeur du service technique de Châtillon-sur-Chalaronne
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet de la réutilisation des eaux usées traitées s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Suite aux nouvelles normes de la Directive eaux résiduaires urbaines (DERU), nous devions mettre en conformité notre station de traitement des eaux usées (STEU) en traitant l’azote et le phosphore pour éviter l’eutrophisation de la Chalaronne. Par ailleurs, l’ancienne STEU atteignait ses limites de capacité, notamment par temps de pluie : elle récupère également une partie les eaux pluviales de Châtillon-sur-Chalaronne. La préservation du centre ancien historique rend la mise en séparatif quasi impossible. Nous avons donc décidé de construire une nouvelle station de traitement des eaux usées, mieux dimensionnée, plus performante et intégrant la réutilisation des eaux usées traitées (REUT). Notre commune labellisée 4 fleurs a des besoins conséquents en arrosage, la REUT résout le problème de restriction d’eau en période d’étiage et nous permet de développer une approche vertueuse.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous nous sommes inspirés de la REUT de station de traitement des eaux usées existantes comme celle de Belleville-en-Beaujolais. Pour nous, ce projet tombait sous le sens : en mettant en œuvre une ultime étape de traitement tertiaire aux UV avant le rejet dans la Chalaronne, nous obtenions la qualité d’eau nécessaire à son utilisation pour l’arrosage ou le nettoyage urbain. Il ne nous restait plus qu’à créer un circuit pour la réutilisation de cette eau traitée. Un surcoût, mais une évidence : depuis quelques années, nous sommes confrontés aux conséquences du réchauffement climatique sur la ressource en eau.
Y a-t-il des compétences ou sujets spécifiques à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ? Avez-vous obtenu l’adhésion des citoyens et/ou coconstruit avec eux ?
Pour un projet de cette envergure (6 millions d’euros HT), il faut savoir s’entourer des bonnes personnes, nous avons beaucoup travaillé avec l’Agence de l’eau, la DDT et Safege. Le volet administratif est complexe, il faut savoir monter de tels dossiers.
Par ailleurs, pour embarquer tout le monde, la pédagogie est nécessaire. Il s’agissait de convaincre les élus de l’intérêt d’un tel investissement, mais aussi les citoyens sur lesquels le prix de l’assainissement se répercute. Nous avons expliqué le projet dans nos supports de communication et reçu la presse pour raconter notre démarche. Et puis, nous devions également embarquer nos collègues de la propreté urbaine et de l’entretien des espaces verts sur le volet REUT : l’utilisation de cette eau change leurs pratiques puisqu’ils doivent venir jusqu’à la STEU pour s’approvisionner.
Avez-vous mené une étude en amont du projet pour définir sa faisabilité et/ou son impact ? Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet ?
Safege a mené les études en 2019 pour assurer la faisabilité de la nouvelle station de traitement des eaux usées. Le dimensionnement global de la station nous est imposé par la Direction départementale des territoires (DDT), à hauteur de 350 m3/h en pointe. Elle a été conçue sur cette base. Pour le volet REUT, nous sommes partis de nos besoins : le nettoyage de la voirie, de la STEU, du réseau des eaux usées et l’arrosage des espaces verts municipaux. Ainsi, la réutilisation des eaux traitées représente 1000 m3/an, mais elle est susceptible d’évoluer à l’avenir, pour couvrir d’éventuels nouveaux besoins. Cette eau pourrait même être vendue grâce à un système de comptage prévu dans l’installation.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?
Le coût global de la nouvelle station de traitement des eaux usées s’élève à 6 millions d’euros HT. Nous avons reçu des aides de l’Agence de l’eau (1,18 million d’euros HT), du Département (123 000 euros HT) et de l’État via la Dotation de soutien à l’investissement local (300 000 euros HT). Le volet REUT représente 48 000 euros HT, une petite somme au regard du budget global. Le coût de fonctionnement de la REUT est faible.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la commune de Châtillon-sur-Chalaronne dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Outre l’Agence de l’eau, Safege et la Direction départementale des territoires (DDT), nous avons pu collaborer avec notre exploitant, Suez, pour concevoir une STEU pratique à l’usage. Nous avons également travaillé avec un architecte sur l’intégration paysagère de la station d’épuration. Enfin, pour le volet valorisation des boues pour l’usage agricole, nous avons été accompagnés par la Chambre d’agriculture.
Quels conseils donneriez-vous à une collectivité qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?
Il est important de prendre le temps de la concertation avec les usagers de l’eau issue de la REUT et d’envisager en amont une grande diversité d’usages. Cela permet de dimensionner la REUT, de vérifier que le traitement permet d’atteindre les seuils réglementaires nécessaires et de penser l’utilisation pratique. Par exemple, nous avons choisi de distribuer cette eau devant l’entrée de la station, pour éviter de faire entrer les utilisateurs sur le site. C’est important, notamment quand on travaille avec des prestataires, comme pour l’hydrocurage des réseaux d’assainissement.
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Le projet en détails
Dates clés
2012
2019
2022
2023 - Eté 2025
Chiffres clés
2 000
48 000
1 000
À retenir
La REUT permet d’économiser 1 000 m3/an d’eau pour le nettoyage urbain, des réseaux d’assainissement, de la station, et également pour l’arrosage municipal. En période d’étiage, l’arrosage des espaces verts n’est plus un problème.
La STEU, mieux dimensionnée, n’est plus sujette aux débordements par fortes pluies et les traitements des eaux usées sont plus performants, ce qui se répercute directement sur la qualité des eaux de la Chalaronne
L’investissement nécessaire pour la construction de la STEU se traduit par une augmentation de 40 % sur la facture d’assainissement des usagers.
Ressources
Les partenaires de ce projet

Agence de l’eau Adour-Garonne

Direction départementale des territoires (DDT)

Safege
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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habitants
Données de contact
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