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Étude sur la dynamique de la qualité de l’eau du lac du Carouge (91)

Le Syndicat de l’Orge (Essonne) a mené une étude satellitaire sur quatre de ses bassins en 2022-2023. Cette étude a permis d’observer le développement des cyanobactéries dans les plans d’eau à différentes périodes estivales. Si le projet s’est fait dans un objectif d’indicateur d’alerte des phénomènes de cyanobactéries, l’étude a également permis d’accumuler des données de compréhension de la dynamique de développement de ces cyanobactéries.

La base de données constituée a permis ainsi de justifier auprès des élus le lancement de plusieurs phases de travaux de renaturation écologique du plan d’eau du lac du Carouge. Après travaux, ces données pourront également être utilisées comme outil de suivi de travaux, pour évaluer l’efficacité des opérations de renaturation du lac sur son eutrophisation, grâce à une nouvelle étude.

Entretien avec Martin Blessing, chargé d’études évaluation des milieux aquatiques et chargé du suivi et de la gestion de la problématique des cyanobactéries sur le bassin versant

Parole de collectivité
Martin Blessing, chargé d’études évaluation des milieux aquatiques au Syndicat de l’Orge, chargé du suivi et de la gestion de la problématique des cyanobactéries sur le bassin versant - Crédits photo : Elisa Mangold
Pollutions

Ce projet est présenté par :

  • Martin Blessing, chargé d’études évaluation des milieux aquatiques au Syndicat de l’Orge, chargé du suivi et de la gestion de la problématique des cyanobactéries sur le bassin versant.
Au départ, ce projet s'est fait dans un objectif d’indicateur d’alerte des phénomènes de cyanobactéries, et au fur et à mesure, cette étude nous a fourni un rapport de compréhension de la dynamique de développement des cyanobactéries
Martin Blessing

Parole de collectivité

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Comment cette étude s’est-elle imposée à l’agenda du syndicat  ?

Je suis arrivé au Syndicat de l’Orge en 2023, à la fin de l’étude qui a été gérée par mon prédécesseur. Cette étude s’imposait car la thématique des cyanobactéries est une problématique de plus en plus importante en France liée au réchauffement climatique et au phénomène naturel sur des plans d’eau construits dans les années 80 qui sédimentent et s’eutrophient avec le temps.  C’est le cas des plans d’eau sur le territoire du Syndicat de l’Orge. Le Syndicat est propriétaire foncier du Lac du Carouge. Il s’agit d’un étang avec un objectif de rétention de crue, mais qui a également un objectif écologique de biodiversité et paysager avec des promenades pour les riverains. Le lac du Carouge est un plan d’eau avec un grand intérêt écologique pour les oiseaux et un des plus gros sites de fréquentation parmi ceux que nous gérons, avec une pratique de pêche, de promenade.

La sortie et l’exutoire du plan d’eau donnent sur une rivière, donc nous avons aussi un enjeu d’impact réglementaire sur la qualité de l’eau de la rivière, de par notre compétence GEMAPI.

Nous avons donc souhaité pousser le suivi sur les cyanobactéries. La genèse du projet de l’étude satellite du suivi de ce plan d’eau s’est faite par un premier partenariat avec l’entreprise Pixstart, qui cherchait des sites pour mener des tests et une étude satellitaire dans un projet Recherche et développement (R&D), avec des techniques émergentes. Au départ, ce projet s’est fait dans un objectif d’indicateur d’alerte des phénomènes de cyanobactéries, et au fur et à mesure, cette étude nous a fourni un rapport de compréhension de la dynamique de développement des cyanobactéries. Cette étude avait aussi pour but de redonner des pistes de renaturation écologique pour justifier des travaux et d’être un marqueur de l’état de l’eau. Ce projet a ainsi été lancé sur le Carouge, tout comme sur d’autres sites et plans d’eau. L’étude a été faite sur 2022-2023, ce qui a permis d’observer le développement des bactéries sur deux périodes estivales avec des conditions climatiques différentes.

L’étude a permis de montrer une concentration des cyanobactéries au niveau des vannes d’entrée d’eau du plan d’eau, qui est connecté à l’Orge, et constitue ainsi naturellement un bassin de rétention de crues. Cette accumulation de cyanobactéries a été constatée possiblement car l’Orge peut être enrichi par des rejets agricoles et des eaux usées qui arrivent ensuite dans le bassin. L’étude a également mis en lumière le fait que le bassin conservait une quantité importante de matière organique tout au long de l’année dans ses sédiments. Le principal facteur de l’augmentation des blooms de cyanobactérie étant l’augmentation de température de l’eau à cause du réchauffement climatique, cela confirme l’intérêt de renaturer le plan d’eau en favorisant le développement de la végétation aquatique et humide, ce qui permet d’équilibrer davantage la concentration de bactéries dans le plan d’eau.

Avec les résultats de l’étude sur l’accumulation des cyanobactéries, nous avons pris la décision depuis deux ans de maintenir fermées ces vannes reliant le lac à cette portion de l’Orge et de les ouvrir uniquement en période de crue. Cela nous permet d’avoir un niveau d’eau plus naturel et de limiter les apports de cyanobactéries localement. Un projet de renaturation du plan d’eau est aussi en cours. Les travaux sont prévus en 2026. Ces décisions étaient déjà envisagées avant l’étude, mais celle-ci a permis une vraie justification technique, notamment auprès des élus ou dans nos demandes de subventions pour travaux.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour mener cette étude de ce projet ?

Nous nous sommes bien intéressés à la littérature scientifique fournie par les chercheurs pour comprendre ce phénomène. En termes de retour d’expériences, nous avons pu assister à des webinaires avec des retours d’expériences de gestionnaires (Idéalco) et des propositions de contact par le Département et la DDT pour garder une vigilance sur ce qui se fait sur d’autres territoires. Sur ce type de problématique, la solution la plus radicale peut-être d’effacer un plan d’eau quand celui-ci est trop impacté. C’était de toute manière une solution peu envisageable dans le cas du lac Carouge, qui est alimenté par la nappe et qui a par ailleurs un fort enjeux avifaune, ce qui nous pousse à le préserver.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée ?

Nous n’avons pas eu besoin pour ce type d’étude, car celle-ci s’est faite entièrement “à distance” au travers de données satellitaires. Cette étude a été réalisée avec l’entreprise Pixstart, entièrement sur une base de données. C’est une technologie intitulée “water watch” : à partir d’images satellite, différents paramètres sont mesurés biogéochimique, physique de l’eau, température, concentration en pigment des algues photosynthétiques. Cela se fait en utilisant la colorimétrie par satellite, grâce à des modèles qui permettent de déterminer les concentrations en cyanobactéries. Il s’agit d’une grande part d’analyse de data, effectuée entièrement à distance, tout au long de l’année. Concernant les travaux de restauration du plan d’eau, nous sommes en pleine constitution du dossier loi sur l’eau pour pouvoir réaliser les travaux en 2026. Des inventaires vont être réalisés sur site en 2025, pour vérifier s’il y a des espèces protégées parmi la faune aquatique et terrestre et établir un état initial pour le suivi avant / après travaux.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?

Je pense qu’il faut travailler avec des personnes qui ont connaissance du phénomène d’eutrophisation. Ce phénomène étant assez complexe, cela permet d’abord de bien  comprendre les possibles sources de contamination dans le bassin. Il faut essayer de s’informer sur les différentes méthodes qui peuvent exister car les protocoles sont différents suivant les objectifs et le type de plan d’eau et ses enjeux. Dans le cas d’un enjeu de baignade (ce qui n’est pas le cas pour le Carouge) par exemple, certains seuils sont réglementés différemment. Pour une utilisation similaire à la nôtre, l’étude est très utile, nous sommes très satisfaits du résultat.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment avez vous assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

L’entreprise Pixstart a valorisé l’étude portée par le Syndicat de l’Orge à l’occasion de Salons. Nous avons rendu compte dans notre documentation du phénomène de cyanobactérie. L’étude satellitaire nous sert surtout en interne et en communication aux élus. Pour l’instant, l’étude sert de preuve d’eutrophisation et la nécessité de réaliser des travaux sur le bassin. Lorsque nous aurons fait ces suivis de travaux N+5, cela pourra aussi constituer un moyen de communiquer pour montrer l’impact des travaux en question.

Comment le syndicat a-t-il financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le coût total de l’étude est de 8 000 euros hors taxes pour le suivi en cyanobactéries sur 4 bassins dont le Carouge sur l’année 2023. Cette étude a été financée en intégralité par le Syndicat de l’Orge.

Concernant le projet de restauration, des financements publics et privés sont prévus. La CDC Biodiversité nous finance à hauteur de 223 420 €  hors taxe… au sein de la Convention nature 2050. Nous avons aussi obtenu des financements du Département de l’Essonne au titre des Espaces Naturels Sensibles (ENS). Sur 2025, des demandes de financements sont en cours auprès du Fond vert de l’Etat et de la région Ile-de-France. Le projet concerne en premier lieu un plan d’eau et non la rivière; il n’a donc pas été financé par l’Agence de l’Eau Seine Normandie.

Le coût total des travaux : 721 000 euros TTC, comprenant un volet accueil du public à 120 000 euros. Il faut concilier le volet accueil du public et biodiversité car c’est effectivement un site très fréquenté.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le syndicat dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

L’entreprise Pixstart nous a accompagnés dans la réalisation de notre projet.

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Le projet en détails

Dates clés

2022 - 2023

Etude satellitaire menée par Pixstart

2026

Lancement des travaux

Chiffres clés

8 000

euros HT, le coût total de l'étude

223 420

euros HT financés par CDC Biodiversité pour la restauration

721 000

euros TTC, le coût total des travaux

À retenir

L'intérêt de cette étude satellitaire est vraiment d’utilité de suivi et de diagnostic pour nos étangs. Cette étude nous a permis d'avoir une preuve scientifique locale de l’importance de la problématique cyanobactérie. Nous avons obtenu des preuves de l’accumulation de bactéries près des entrées d’eau de l’Orge, et c’est un soutien considérable pour mener des projets.

Grâce à cette étude, nous sommes également en mesure de soutenir auprès d’élus nos projets de travaux de déconnexion du bassin au cours d’eau et de renaturation du plan d’eau. Cette étude nous donne la preuve scientifique locale de l'importance de la problématique de cyanobactérie, preuve de l'eutrophisation et de l’accumulation au niveau des entrées d’eau.

Je n’en vois pas car cette étude a vraiment un intérêt global sur le long terme, notamment car elle constitue un outil de suivi pour l’avenir et permet d’accumuler de la donnée pour constater les effets des travaux à l’avenir.

Ressources

Essonne : Vigilance face aux cyanobactéries dans des bassins de l’Orge

Le Républicain de l'Essonne

Les partenaires de ce projet

Logo-CDC-biodiversite-aquagir

CDC Biodiversité

Département de l'Essonne

Département de l'Essonne

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

En savoir plus sur le Syndicat de l'Orge

communes

65

habitants

430 000

km de cours

300

ha de milieux naturels gérés

450

Données de contact

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