L’observatoire des risques d’Orléans Métropole (45) monte la garde citoyenne

Comment le sujet de la création d’un Observatoire des risques s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Comme pour toutes les villes situées en bord de Loire, le risque inondation fait partie de l’histoire d’Orléans. Les quais portent toujours les inscriptions des hauteurs d’eau atteintes par les crues historiques de 1846, 1856, 1866, et 1907. Plus près de nous, la crue de 2016, même si elle a principalement concerné les affluents de la Loire, a provoqué un fort traumatisme dans la population. Le fait qu’Orléans Métropole s’est vu transféré la compétence du risque inondation en 2017 a renforcé la détermination des élus à prendre en charge cette situation et à s’organiser pour y faire face.
Il faut avoir conscience que sur le territoire des 22 communes d’Orléans Métropole, plus de 60 000 personnes sont exposées à ce risque car leur logement est construit sur une zone qui pourrait être inondée. La submersion peut provenir du débordement de la Loire mais aussi de rupture d’une digue ou de ruissellements à cause de la saturation des sols ou de la nappe phréatique. Le risque inondation est donc bien un risque majeur pour Orléans Métropole mais il n’est pas le seul. C’est pourquoi l’Observatoire des risques englobe également les autres risques naturels, le risque incendie, la sécheresse, ainsi que les risques technologiques, sanitaires et sociétaux.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Pour élaborer l’Observatoire des risques d’Orléans Métropole, nous nous sommes inspirés de démarches de même nature comme le portail national des risques naturels GéoRisques qui joue aussi un rôle d’information et de prévention. Nous souhaitions que l’accès au site soit le plus simple et le plus intuitif possible pour permettre aux particuliers et aux élus de disposer de toutes les informations nécessaires au niveau local.

Nous avons aussi consulté les sites des observatoires régionaux des risques comme ceux de Provence Alpes-Côte d’Azur, Hauts-de-France ou Nouvelle Aquitaine.

La création de l’Observatoire des risques d’Orléans Métropole s’est surtout inscrite dans une démarche plus globale centrée sur la responsabilité environnementale et sociétale. Celle-ci s’est engagée en 2019 avec l’approbation du Plan Climat Air Energie Territorial, et avec les Assises de la Transition qui ont animé la métropole de janvier à avril 2021. Ce mouvement de réflexion, de débats et d’animations traitait le risque inondation mais aussi la rénovation énergétique, l’alimentation durable, les énergies renouvelables, la gestion des déchets, la biodiversité, l’eau et les milieux aquatiques.
C’est sur la dynamique de ces réflexions collectives que l’Observatoire des risques a été créé en 2024.

Y a-t-il des compétences ou sujets spécifiques à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

En raison de sa complexité, un projet de cette dimension nécessite de maîtriser ou de s’entourer de multiples compétences. Il y a d’une part les compétences scientifiques liées aux domaines traités : hydrologie, géologie, écologie…etc. Nous avons la chance de pouvoir disposer à Orléans de plusieurs grands établissements scientifiques nationaux de référence comme le BRGM, le CNRS ou l’INRAe.
Il y a d’autre part toutes les compétences nécessaires à la mise en œuvre opérationnelle du projet : connaissances juridiques, administratives, informatiques et plus globalement de communication car le « produit final » est un site Internet qui doit être intuitif et simple à utiliser.

Avez-vous obtenu l’adhésion des citoyens et/ou coconstruit avec eux ?

Il n’y a pas eu de consultation directe des habitants sur la création de l’Observatoire des risques. Nous nous sommes appuyés sur les retours d’expériences et réflexions issues des Assises de la transition qui ont été une phase déterminante de la raison d’être de cet outil. Plusieurs centaines d’idées et propositions ont été émises par les citoyens, révélant une prise de conscience des enjeux environnementaux. Ce matériau a servi de base à la formalisation de la feuille de route en faveur de la transition écologique et énergétique adoptée en 2022 par Orléans Métropole. La création d’un observatoire des risques figurait en toute lettre dans cette feuille de route.
Les habitants ont enfin la possibilité de contribuer à l’enrichissement du site en publiant photos et documents dans une rubrique intitulée « la mémoire du risque ».

Avez-vous mené une étude en amont du projet pour définir sa faisabilité et/ou son impact ?

Ce type de projet ne nécessite pas la réalisation d’une enquête publique ou d’une étude de faisabilité. En revanche pour la préparation et la mise en œuvre opérationnelle du projet, Orléans métropole a engagé une procédure d’assistance à maîtrise d’ouvrage afin de faire appel à des prestataires qualifiés et expérimentés.
Par ailleurs, la création, déjà en réflexion, de l’Observatoire des risques avait fait l’objet d’une recommandation de la Chambre régionale des Comptes lors d’un audit sur l’adaptation des villes au changement climatique.

Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet ?

Le bon dimensionnement du projet réside dans le fait que l’Observatoire constitue un outil ouvert à l’ensemble de la population et des élus en toute transparence. Il prend en compte tous les risques connus et fait l’objet d’une mise à jour régulière avec les données scientifiques fournies par nos partenaires.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?

Le financement du projet a été intégralement pris en charge par Orléans Métropole. Le budget de l’assistance à maîtrise d’ouvrage pour le traitement des données, la conception et l’élaboration du site et de ses modules interactifs et cartographiques s’est élevé à 240 K€.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

La création de l’Observatoire des risques d’Orléans métropole a fait appel au recueil de données émanant d’organismes scientifiques comme le BRGM, le CEPRI et le CEREMA. Le recueil de tous ces éléments a permis d’établir une cartographie extrêmement précise de l’exposition aux risques avec un niveau de précision très élevé.

Quels conseils donneriez-vous à un élu qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?

Le conseil principal pour le lancement de ce type de projet est plutôt une question de posture. Il est nécessaire d’avoir une volonté de transparence totale vis-à-vis des citoyens qui son légitimement demandeurs d’informations touchant à leur sécurité.
Le principe repose donc sur le partage du maximum d’information en ayant toujours en tête les attentes des habitants et leur besoin de renseignements précis et utiles. A ce titre, le site propose une rubrique « me préparer face aux risques » qui recense un certain nombre de mesures à prendre comme s’inscrire au système d’alerte de la métropole qui envoie des SMS en cas de crise. On y trouve également des conseils sur les bons gestes à adopter et la composition d’un kit d’urgence ou d’évacuation.

Le souci d’information et de prévention des habitants de la métropole s’est manifesté également lors du Festival de Loire 2025, le plus grand rassemblement européen de marine fluviale, avec l’ouverture d’un « village Plouf ! » à l’initiative de l’institut français des formateurs risques majeurs et protection de l’environnement (IFFORME), pour sensibiliser le grand public.