Travaux d’urgence post-crue au Pays des Nestes (65)
Au lendemain de la crue du 7 septembre 2024, l’équipe et les élus du Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) Pays des Nestes* évaluent l’ampleur des dégâts causés par les débordements de la Neste. Présence d’embâcles importants sur les terres agricoles en amont du barrage, érosions régressives, reformation d’un atterrissement de 2000 m3 … il faut remettre en état.
La Préfecture des Hautes-Pyrénées, gestionnaire du Domaine Public Fluvial, conventionne alors avec le PETR du Pays des Nestes*, structure GEMAPienne, pour intervenir en urgence en Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (AMO) sur la partie domaniale de la rivière.
* Communauté de communes des Vallées d’Aure et du Louron, Communauté de communes Neste-Barousse et Communauté de communes du Plateau de Lannemezan









Entretien avec Swann Darnaudguilhem, chargé de mission PAPI
Ce projet est présenté par :
- Swann Darnaudguilhem, chargé de mission PAPI, PETR du Pays des Nestes
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda du PETR du Pays des Neste ?
Dans la nuit du 6 au 7 septembre 2024, veille de week-end, des pluies d’une intensité exceptionnelle se sont abattues sur plusieurs communes du PETR du Pays des Nestes. Les données des stations amont confirment un niveau de 4,23 m de crue. Des dégâts importants ont été déplorés à Aragnouet et en Plaine d’Aure (érosion de berges, dépôt de matériaux impactant les maisons, le camping, les routes, la déchetterie, les réseaux routiers, les réseaux d’eau) et sur la Neste aval, à Saint-Laurent de Neste, où la base de loisirs, la RD75, les champs agricoles, la déchetterie et la centrale hydroélectrique ont été fortement impactés.
Il avait beaucoup plu la veille et rien ne nous a permis d’anticiper cette crue venue d’amont. C’est le genre d’épisode aussi brutal que très localisé qui passe entre les mailles des filets de la surveillance météo généraliste. Avec le relief, les radars météo ont du mal à voir si les précipitations tomberont sur une vallée plutôt que sur une autre. A posteriori, on peut dire que cette crue est caractérisée par une montée rapide du niveau de la Neste, une érosion due à l’intensité des précipitations – jusqu’à 2 500 mètres d’altitude – et très active sur les berges depuis Saint Lary Soulan, provoquant l’arrachement de nombreux arbres, la destruction ou l’endommagement de plusieurs protections de berges en enrochements. Des glissements de berge mais aussi des transports par la rivière de gros blocs de pierre avec une expansion forte du lit (jusqu’à 6 fois la largeur du lit mineur à certains endroits) ont aussi été remarqués.
Quels constats avez-vous établi pour guider votre action ?
Nous avons réalisé des survols par drone au droit des zones inondées afin de capitaliser des données en temps réel. Ces captations ont très nettement rendu compte de l’étendue des débordements, dont nous n’avions par endroit qu’une approche théorique avec les modélisations réalisées par les bureaux d’études qui nous accompagnent dans le cadre du PAPI. Elles nous ont été très utiles pour consolider les modèles sur les secteurs à risque mais aussi pour sensibiliser les populations et faire de la pédagogie. Là nous disposions d’une preuve tangible. Nous nous sommes aussi rendus sur place pour faire un état des lieux des dégâts et localiser les principaux embâcles. Plusieurs réunions de crise ont été organisées avec les élus et la Préfecture. Notre rôle a été de rendre compte de la situation et de faire le lien entre le terrain, les élus et les services de l’État. Fort de tous ces échanges, le programme des travaux qui étaient déjà prévus, a été modifié et certains budgets, fléchés sur les plus urgents.
Y a-t-il des compétences ou sujets spécifiques à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ? Avez-vous obtenu l’adhésion des citoyens et/ou coconstruit avec eux ?
La Neste est historiquement classée DPF (domaine public fluvial) de Saint Lary Soulan jusqu’à sa confluence avec la Garonne à Montréjeau pour le transport du bois et du marbre. Les services de l’État sont garants du bon écoulement des eaux sur ce secteur-là. Pour cela, notre structure GEMAPienne intervient par conventionnement avec les services de la DDT qui nous octroient une enveloppe budgétaire dont le montant est reconduit chaque année. La crue de 2024 a acté la nécessité d’avoir une gestion plus globale, partagée et raisonnée des cours d’eau. Pour traiter l’urgence, nous avons procédé à l’enlèvement des embâcles qui s’étaient accumulés à certains endroits où il était périlleux et donc important d’agir. Une opération de déplacement de matériaux a été réalisée afin de limiter les débordements sur un secteur à risque. Nous avons également procédé à des coupes préventives d’arbres qui menaçaient de tomber pour ne pas générer de nouveaux embâcles au cas où un nouvel épisode pluvieux aurait eu lieu. Un tel épisode s’est d’ailleurs produit en octobre 2024, bien que de moindre intensité.
Avez-vous mené une étude en amont du projet pour définir sa faisabilité et/ou son impact ? (Enquêtes publics…) Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet ?
La crue de 2024 a fourni un cas concret pour alimenter les modèles hydrauliques que nous étions en train de qualifier dans le cadre d’une étude hydromorphologique du risque de capture des gravières en basse Neste. Ces retours ont également nourri l’analyse hydraulique pour la protection des enjeux situés sur les communes de Saint-Laurent-de-Neste, Montégut et Nestier. Ils ont surtout permis de confronter les élus à une réalité qui restait jusqu’alors numérique. L’hypothèse que nous avions identifiée, d’une récurrence biennale des crues impactantes, a été confirmée par celle de 2024. Dès lors, nous avons pu accréditer le risque qu’il y avait à ne pas prendre de décisions rapidement. Une réflexion sur un projet de protection de Saint-Laurent qui préviendrait aussi le risque de captures des lacs de gravières, par la rivière Neste, a été entamée. Plusieurs scenarii sont à l’étude, réalisés conjointement par différents bureaux d’études.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?
Le total des travaux post-crue 2024 réalisés sur la partie domaniale de la Neste s’élève à 107 000 € dont 36 000 € de travaux d’urgence pour le déplacement de matériaux à Saint-Laurent de Neste. Ces travaux ont été financés par l’État dans le cadre de la convention DPF.
Le total des travaux post-crue 2024 réalisés hors-DPF s’élève à 30 000 €. Ces opérations ont été financées sur fonds propres du PETR affectés aux travaux d’urgence.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Nous avons travaillé conjointement avec les services communaux des collectivités du PETR, la Préfecture, la DDT, le SIAHVA (syndicat intercommunal d’assainissement de la haute vallée d’Aure), EDF, le RTM (branche de l’ONF pour la restauration des terrains de montagne). L’entreprise MV-TP de Saint-Laurent-de-Neste a été mandatée pour réaliser les travaux d’urgence en basse Neste (retrait de l’atterrissement, regarniture des encoches d’érosion …). Dans le but de limiter l’impact d’une telle intervention dans la rivière sur la biodiversité qu’elle abrite, en particulier en hiver qui est une période de migration des salmonidés, l’entreprise est intervenue sur dérogation et a mis en place un pont temporaire entre les deux rives. Ainsi, l’engin n’a pas eu à se déplacer dans le lit mineur de la rivière. La Fédération départementale de Pêche a également été mobilisée pour le sauvetage de 8 espèces de poissons relâchées dans le cours d’eau. Enfin, une cellule d’assistance technique du département des Hautes-Pyrénées a assisté le PETR, une fois l’urgence levée, pour restaurer les réseaux ajourés ou détruits par le cours d’eau et protéger des zones à risque.
Quels conseils donneriez-vous à un élu qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?
Notre discours c’est d’arriver à convaincre que la prévention des risques repose sur un principe connu de tous qui est celui du rapport coût / bénéfice. Oui, les moyens engagés pour la prévention des inondations coûtent mais pour un bénéfice qui est au final, un dommage évité. C’est un investissement positif et pour un élu, un dégât évité, c’est de l’argent économisé.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.
Le projet en détails
Dates clés
Nuit du 6 au 7 septembre 2024
17 octobre 2024
Chiffres clés
50 000
2 000
8
À retenir
Une forte réactivité des communes pour mettre en sécurité la population
Une prise de conscience des élus pour agir, qui va croissant
Une approche des travaux structurels post-crue encore axée sur un effacement rapide des stigmates pour « refaire à l’identique » et « comme s’il ne s’était rien passé » alors qu’une réflexion portée par le besoin de résilience et d’anticipation vis-à-vis de la nature s’impose. Comment aller plus loin et mieux ensemble ?
Ressources
Les partenaires de ce projet

Cellule d’assistance technique du département des Hautes-Pyrénées

DDT

Syndicat intercommunal d’assainissement de la haute vallée d’Aure

RTM - ONF

Fédération départementale de Pêche
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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