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A Molsheim (67), les eaux pluviales réutilisées pour soulager le réseau d’assainissement

A Molsheim et dans les villages voisins, la Communauté de Communes a œuvré à la déconnexion de 24 000 m2 du réseau d’assainissement en redirigeant les eaux pluviales vers d’autres usages, à l’aide de méthodes novatrices (noues, chaussée réservoir, espaces verts d’infiltration) : des solutions qui permettent à la fois de soulager le réseau et de prévenir les inondations.

Entretien avec Pierre Thielen, Gilbert Roth et Thomas Diebold

Parole de collectivité
Gilbert Roth, Isabelle Roehry (responsable de la maîtrise d’ouvrage Eau et assainissement à la communauté de communes de la région de Molsheim-Mutzig) et Thomas Diebold, à côté d’une noue créée à Dorlisheim - Crédits Photo
Gestion des eaux pluviales

Ce projet est présenté par:

  • Pierre Thielen, 5e Vice–Président de la Communauté de Communes de la Région de Molsheim-Mutzig, en Charge de l’eau assainissement cours d’eau, et maire de Gresswiller.
  • Gilbert Roth, maire de Dorlisheim.
  • Thomas Diebold, Chargé de missions Eaux pluviales à la Communauté de Communes de la Région de Molsheim-Mutzig.

 

 

 

 

Les différentes équipes doivent travailler ensemble dans la proximité et l’échange, tant les actions sont imbriquées les unes dans les autres.

Thomas Diebold

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet de l’optimisation de la gestion des eaux pluviales s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Thomas Diebold : Le sujet s’est imposé naturellement à notre Communauté de Communes : d’abord puisque nous exerçons à titre obligatoire les compétence Eau Potable et Assainissement, puis par des constats sans appel (inondations de caves, déversements au milieu naturel) à chaque épisode de fortes précipitations, nous obligeant à penser l’infiltration de l’eau de pluie à différents niveaux.

Pierre Thielen : Cela fait même plus longtemps que les problèmes se multiplient : saturation des sols, eaux stagnantes, inondations. Des micro-projets nous sont régulièrement proposés par les équipes de nos communes, et nous pensons à chaque renouvellement de voirie à la manière optimale – techniquement et économiquement – d’infiltrer l’eau.

Gilbert Roth : Il y a depuis 2015 une forte impulsion de l’Etat et de l’Agence de l’Eau, mais nous prenions déjà conscience, chaque année un peu plus, des mauvais choix des années 60-70 qui ont conduit à des inondations de maisons notamment. Alors nous testons différentes méthodes, dès 2012 une chaussée réservoir, plus récemment des noues ou encore des récupérateurs d’eau de pluie pour les particuliers.

Notre réflexion globale cherche à répondre à plusieurs questions simples : « partant du principe qu’une eau conduite dans le réseau est perdue, comment renvoyer l’eau de pluie dans la nappe phréatique » ; « où va l’excédent lorsqu’un récupérateur d’eau de pluie est rempli ? » ; « Comment infiltrer un maximum ? ».

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Thomas Diebold : nos principales sources d’inspiration sont l’Agence de l’Eau et l’ADOPTA (Association pour le Développement Opérationnel et la Promotion des Techniques Alternatives en matière d’eaux pluviales), qui souhaitent promouvoir la gestion intégrée des eaux pluviales sur l’ensemble du territoire français. Une aide technique est apportée par l’Agence de l’Eau et par nos bureaux d’étude.

Gilbert Roth : Bon nombre d’initiatives émanent de notre propre volonté politique, des communes et de notre collectivité. Les Bureaux d’Etudes ont la connaissance, mais nous apprenons tous ensemble à chaque chantier.

Thomas Diebold : Certaines villes avaient déjà lancé des expériences il y a plusieurs années, expériences dont nous pouvons désormais profiter. Douai, notamment, expérimente dans le Nord de nombreux dispositifs depuis les années 90.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

T.D. : Nous n’avons pas à proprement parler réalisé d’étude de faisabilité, mais nous suivons un document technique qui guide notre action, le Schéma Directeur d’Assainissement. Ce dernier nous impose sur 10 ans de déconnecter 25% des surfaces imperméabilisées, raccordées au réseau d’assainissement.

G.R. : Il guide notamment notre investissement : avec 10 millions d’euros dédiés au système d’assainissement de Molsheim, nous statuons que l’objectif est de ne pas déverser plus de 5% du volume annuel transitant dans nos réseaux vers la rivière, à travers les différents déversoirs d’orage.

T.D. : Une des spécificités de notre collectivité est que nous avons décidé de créer un budget dédié à la gestion des eaux pluviales, ce que toutes les collectivités ne font pas : elle conseillent, communiquent et sensibilisent uniquement. Ce budget, voté en 2021, nous permet d’avancer plus vite.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

T.D. : L’amélioration de la gestion des eaux pluviales est à cheval entre plusieurs compétences, gérées par différentes collectivités : la Voirie, les Espaces Verts ou encore l’Urbanisme sont gérés par les communes, les Eaux Pluviales et l’Assainissement par la Communauté de Communes. Les différentes équipes doivent travailler ensemble dans la proximité et l’échange, tant les actions sont imbriquées les unes dans les autres.

G.R. : C’est là qu’intervient Thomas, qui est à la fois notre référent technique et coordinateur, entre les mairies et la Communauté de Communes, mais aussi avec l’Agence de l’Eau, les Bureaux d’Études et les entreprises.

T.D. : N’oublions pas deux compétences importantes : la GEMAPI, puisque l’ultime exutoire pour nos eaux de pluie sont les cours d’eau. Nous avons choisi de prendre la compétence Gestion des Eaux Pluviales Urbaines au niveau de la Communauté de Communes et sommes l’une des rares collectivités de cette taille (40 000 habitants) à l’avoir assumée, tant la volonté politique est forte ici.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

T.D. : Nous communiquons via notre site internet, et quelques posts sur LinkedIn et Facebook. Il nous arrive d’utiliser les bulletins communaux pour parler de nos actions, et nous avons organisé à certaines occasions des soirées de sensibilisation à la gestion des eaux pluviales, ainsi que des réunions publiques.

G.R.: A Dorlisheim, nous avons créé une commission qui devait s’atteler à répondre à la question suivante : «  Comment faire pour que tout un chacun ait la volonté d’infiltrer son eau de pluie ? ». Des personnes ont été tirées au sort et nous avons été surpris par le résultat : une fois par mois, des citoyens et des élus – ainsi que Thomas – ont travaillé sur le sujet. Les gens ont été réceptifs au sujet.

Nous savons qu’il faut convaincre sur de nombreux sujets, notamment lorsque l’on parle de récupérateur d’eau de pluie et d’infiltration. La réponse peut être : « si je détourne le trop-plein de mon récupérateur vers le sol, au lieu de l’envoyer dans le circuit d’assainissement, qu’est-ce que j’y gagne ? ». Nous devons alors communiquer sur l’importance du retour de l’eau à la nappe, et placer l’enjeu écologique au regard de certaines peurs – les moustiques, l’aspect marécageux du sol. Nous savons maintenant que l’on peut sans problème infiltrer l’eau à 2, 3 mètres d’une maison sans aucun risque pour les caves, à conditions que le sol soit bien drainant, avec des micro-organismes et non-pollué.

T.D. : Tout passe par une analyse du sol au cas par cas, le sol devant à la fois bien infiltrer mais pas trop vite, car cela limite la capacité de filtrage des polluants. Mais nous devons lutter contre les préjugés, le sol qui va se transformer en nid à insectes et boueux n’est pas du tout vrai !

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées / obtenues ?

T.D. : Les financements peuvent varier selon les projets, mais nous sommes très souvent soutenus par la Région Grand Est, la Préfecture ou la Sous-Préfecture, et systématiquement par l’Agence de l’Eau – via le Fond Vert – généralement à hauteur de 60% voire 80% du montant des projets.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la Communauté de Communes dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

PT: Les entreprises du BTP « classiques » nous accompagnent dans nos différents projets : Eiffage, Colas, Eurovia, etc. Certaines sont plus spécialisées dans les espaces verts que dans la voirie. De manière globale, ces entreprises ne sont pas spécialisées et apprennent donc avec nous.

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Banque des territoires - Groupe Caisse des dépôts

Le projet en détails

Dates clés

2020 - 2021

Mise à l'agenda

1990 - 2024

Inspiration & Compétences

2020 - 2024

Diagnostic & Planification

2020 - 2024

Réalisation

Chiffres clés

24 000

m² déconnectés par le territoire de la Communauté de Communes

13 000

m² déconnectés au quartier Henri Meck via des noues, des bordures abaisssées et des arbres plantés

50

maisons déconnectées dans 10 ans et 30 000 m2 de voirie déconnectés par an

Résultats

  • Nous nous sommes rendus compte, au fur et à mesure des années, que cette gestion des eaux pluviales pouvait être moins compliquée qu’on ne le pense ! Et qu’elle nous permet de faire réfléchir tous les acteurs à la question de l’eau de pluie. Ca ne règlera pas tous les problèmes d’inondations, surtout en cas de très fortes précipitations, mais on a fait évoluer les mentalités sur les problématiques d’infiltration, de noues et d’évolutions vertueuses.

À retenir

Et l’idée s’est développée qu’être vertueux ne coûte pas nécessairement plus cher que de changer continuellement des tuyaux. A l’échelle individuelle, on a aussi pu commencer à installer l’idée que, si tout le monde souhaite implanter sa propre maison, il serait bien d’en arriver à de la solidarité pour éviter les catastrophes.

Malgré notre réponse précédente, nous ressentons parfois une réelle difficulté à convaincre tous les acteurs sur le long terme

Sans oublier que nos actions maintenant consistent en grande partie à repenser ce qu’avait imaginé toute une génération d’ingénieurs il y a trente à cinquante ans !

Les partenaires de ce projet

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Région Grand Est

Logo_Rhin-Meuse

Agence de l'eau Rhin-Meuse

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

logo-eiffage-300x122

Eiffage

Colas_logo

Colas

EUROVIA-Logo

Eurovia

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Nombre de communes

18

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