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Une station d’épuration moderne et plus écologique à Attigny (08)

Dans les Ardennes, l’ancienne station d’épuration de la commune d’Attigny de 1102 habitants était à bout de souffle. Après cinquante ans d’existence, la station, située initialement en bordure de l’Aisne et à proximité des habitations, a été détruite. Elle a été remplacée par une nouvelle, fonctionnant selon le procédé de boues activées et implantée à distance des habitations et de la rivière. Elle assure désormais une meilleure gestion des eaux traitées qui transitent vers une zone de rejet végétalisée, source de développement de la biodiversité.

Entretien avec Magaly Allain, porteuse du projet

Parole de collectivité
Magaly Allain - Crédits photo : Banque des Territoires
Assainissement des eaux usées

Ce projet est porté par :

  • Magaly Allain, Responsable du service assainissement à la Communauté de Communes des Crêtes Préardennaises

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment ce projet de construction d’une nouvelle station d’épuration s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Il nous fallait réhabiliter notre réseau d’assainissement car la station d’épuration et le réseau de collecte des eaux usées de la commune d’Attigny datait de 1973. En raison de cette ancienneté, les performances épuratoires étaient devenues peu satisfaisantes. Par ailleurs, la proximité de l’ancienne station d’épuration avec l’Aisne où étaient rejetées les eaux claires pouvait poser des difficultés en raison du manque de dilution des eaux traitées dans le milieu naturel et des normes de rejet. Autre problème, cette station était proche d’habitations de la commune et pouvait être à l’origine, occasionnellement, de nuisances olfactives. C’est pourquoi nous avons décidé d’en construire une nouvelle plus à l’écart des lieux d’habitations. Il a fallu alors réfléchir à l’acheminement des eaux traitées afin de préserver au maximum le milieu naturel. Pour ce faire, nous avons acquis auprès d’un agriculteur un terrain d’environ 3500 hectares qui sert de zone de rejet végétalisée. Elle fonctionne comme espace tampon entre la station et l’Aisne et contribue à développer une biodiversité qui a été propice à l’émergence d’espèces autochtones comme des grenouilles.

 

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous avons été accompagnés par deux bureaux d’études : Sogeti et Dumay. Comme nous sommes en milieu rural et que l’équipement est à destination d’une petite commune nous avions le choix entre :

  • Une station d’épuration avec des filtres plantés de roseaux mais qui nécessite toutefois un impact foncier important.
  • Un système d’épuration par boues activées nécessitant une oxygénation des effluents brutes afin d’éliminer la pollution par le biais d’équipements électromécaniques : il s’agit d’une opération d’oxygénation via des micro-organismes, autrement dit, des bactéries qui dégradent les éléments pollués.

 

Nous nous sommes tournés vers la deuxième solution car nous n’avions pas suffisamment de foncier au regard des volumes d’eaux à traiter. Par ailleurs, les caractéristiques géotechniques du sol et le fait que le secteur choisi soit une zone inondable nous a contraint à concevoir et réaliser une station rehaussée sur des pieux.

 

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Les premières études avaient été lancées en 2015 par la commune d’Attigny. Quand la communauté de communes des crêtes Préardennaises a récupéré la compétence assainissement en 2018, le service a assuré, en collaboration avec la commune, ces études de réhabilitation. Ces études ont permis de recenser notamment la population sur la commune et de dimensionner les ouvrages.  Il est important de bien connaître le territoire pour déterminer le dimensionnement de l’équipement : intégrer bien sûr les utilisations domestiques mais aussi celles de certaines activités économiques et touristiques. En fonction de ces différents éléments, la station doit pouvoir traiter ces différentes eaux usées et être en capacité notamment de gérer les débits de pointe.

 

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

D’abord des compétences juridiques qui sont assurées grâce à une veille sur les règlementations en vigueur en lien avec les services de la police de l’Eau. Ensuite, nous avons bénéficié de l’assistance à l’élaboration du projet par le service d’assistance technique aux exploitants de station d’épuration (Satese), un service ingénierie technique du Conseil départemental des Ardennes. L’Agence de l’eau Rhin-Meuse et le Département ont été les principaux financeurs de cette opération. Le solde de l’opération, c’est à dire l’emprunt, sont financés par la redevance assainissement qui couvre également le fonctionnement des ouvrages de transport et de traitement.

La Chambre d’agriculture a permis, quant à elle, de nous accompagner et et de nous aider dans la réalisation du traitement des boues issues du traitement des eaux usées brutes en vue notamment de l’épandage de ces produits.

Par ailleurs, la maitrise d’œuvre a été assurée par la société Sogeti.

 

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

La station d’épuration a été pensée en fonction du nombre d’habitants de la commune. Elle a donc été adaptée au traitement de 1725 équivalents habitants. Des études de la parcelle ont été réalisées. Et des diagnostics du réseau ont été effectuées avec des caméras.

Concernant l’adhésion des citoyens, cela n’a pas posé de difficultés particulières : outre la disparition des problèmes d’odeurs, les habitants connaissaient auparavant des problèmes d’évacuations des eaux usées qui nécessitaient souvent des opérations d’hydro-curages. Depuis les travaux, le besoin de ce type d’intervention n’est plus curatif mais préventif.

 

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le montant global des travaux s’élève à 1 340 000 Euros. Le projet a été financé par l’Agence de l’eau par le biais d’une subvention à hauteur de 545 448 Euros ainsi qu’une avance remboursable de 272 724 €.  Pour sa part, la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) et la Dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) ont contribué à hauteur de 228 979 Euros. Enfin, la part restante a été financée par la collectivité avec un emprunt auprès des banques pour un montant de 376 000 Euros.

En ce qui concerne le fonctionnement de l’ouvrage, nous avons été obligés de nous adapter aux aléas de variation du coût de l’énergie : il s’élevait à 100 Euros le Mégawatt/ heure en 2018 puis est passé, après la période du Covid, à 900 Euros en 2022 ! Heureusement, nous nous sommes engagés à contracter à ce prix pour une courte période ce qui nous a permis ensuite d’obtenir un nouveau contrat fixé sur un coût de 250 Euros le Mégawatt/h.

 

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la communauté de communes des Crêtes Préardennaises dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Outre les bureaux d’études déjà mentionnés, nous avons également été accompagnés par la Satese et la Police de l’eau ; des réunions hebdomadaires d’information dans le cadre d’un comité de pilotage avec les élus de la commune se sont également tenues pendant les deux années de la durée des travaux.

Le projet en détails

Dates clés

2015

Mise à l'agenda

2016-2018

Inspiration et diagnostics

2018-2019

Montée en compétences (lancement marchés publics)

Janvier 2023

Réalisation (Mise en route de la station)

Chiffres clés

1 340 000 Euros
Coût du projet
2 ans et demi
Durée des travaux
202 m3/jour
Débit moyen journalier par temps sec

Résultats

  • Une meilleure gestion des eaux traitées et des boues. Nous avons ainsi remplacé les bassins d'épandages par un silo à boues qui dispose de trois compartiments. Cela permet de mieux les analyser et de cibler leurs usages potentiels à destination des agriculteurs avant leur évacuation. On peut ainsi aisément séquencer et ajuster les traitements de ces boues avant de les évacuer.

À retenir

Une amélioration notable de la qualité des eaux traitées.

la disparition des nuisances olfactives en raison de la création de la nouvelle station d'épuration à distance des habitations

La réalisation a été engagée en janvier 2020, soit quelques temps avant la période du Covid et a donc compliqué l'avancée des travaux car nous avons été obligés d’interrompre le chantier pendant six mois. Pour autant, bien sûr, le processus d'assainissement n'a pas cessé pendant le confinement. Ensuite, en raison de la pénurie de pièces électromécaniques, nous avons connu des soucis d'approvisionnement et une augmentation des prix en raison d’une augmentation des coûts des matières premières. Nous avons dû ajuster notre projet afin de rester dans l’enveloppe budgétaire fixée en 2018/2019.

En savoir plus sur la Communauté de Communes des Crêtes Préardennaises

Nombre de communes regroupées

94

Nombre d'habitants

22000

Données de contact

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