À Breitenau (67), un réservoir d’eau potable transformé en réserve incendie

Comment le projet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Nous avions deux réservoirs, l’un datant de 1912, l’autre de 1965. Dans le cadre de la politique de gestion de l’eau potable dans la vallée, avec le SDEA, il a été décidé que le réservoir de 1965 allait être réhabilité afin d’allonger sa durée de vie. Il n’y avait donc pas la nécessité de maintenir en eau celui de 1912. Par conséquent, il a été décidé de déconnecter ce vieux réservoir du réseau d’eau potable.

En 2020, 2021, nous avons alors commencé à nous questionner sur ce qu’il allait devenir. Les anciens du village ont bâti ce réservoir en 1912, ils y ont mis beaucoup d’énergie à cette époque. Avec le dérèglement climatique, les périodes de sécheresse et le risque incendie, on a pris conscience ces dernières années que nul n’est épargné en termes de risques. Avec cet ancien réservoir, nous nous sommes dit que nous pouvions le retravailler en termes d’étanchéité. Il se trouve également sur une route d’accès au massif forestier.

Pour être logiques, nous n’allions pas enterrer une citerne en inox pour stocker de l’eau en forêt alors que nous avions à disposition un ancien réservoir de 77 mètres cubes qui pourrait être dédié à cela.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous sommes dans la logique de l’urgence climatique. Nous nous sommes donc demandés ce que nous pouvions faire à ce titre et qui correspond à un budget raisonnable ?

Une commune est responsable de sa défense incendie en zone urbaine. Mais la défense incendie forestière, au moment où l’on y réfléchissait, c’était un petit vide. Je savais que cela allait coûter 30 000 euros TTC pour réhabiliter le réservoir, ce qui est une somme conséquente pour notre petite commune. Il fallait donc argumenter en ce sens, en s’inspirant des problématiques actuelles.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

L’étude de faisabilité a consisté à descendre au fond du réservoir avec le soutien du SDEA et des entrepreneurs qui étaient susceptibles d’intervenir, notamment à propos de l’étanchéité du réservoir.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

J’ai surtout eu besoin des conseils du SDEA. La partie défense incendie, ça ne rentre pas dans la case des compétences que l’on maîtrise le plus. Nous avons également eu besoin des compétences des entreprises. De notre côté, nous avons une bonne connaissance du réseau existant. On est habitué à travailler sur cette thématique là.

Sur 11 élus au conseil municipal, nous sommes deux à connaître parfaitement notre réseau d’eau potable, à être capable d’intervenir en cas d’incendie. Enfin, il y a des compétences administratives, que je gère à l’aide de ma secrétaire de mairie, notamment pour compléter les dossiers.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Le journal intercommunal paraît deux fois par an, ce qui laisse largement le temps d’aborder un sujet et de revenir dessus six mois plus tard pour le détailler.

Ensuite, il y a les vœux au mois de janvier qui se déroulent en toute simplicité, et où l’on explique nos projets, où l’on échange avec les habitants. Sur ces questions et ce projet, il s’agit avant tout de bon sens, donc les gens le comprennent très bien.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Je souhaitais obtenir 80% de subvention. Les deux structures vers lesquelles je me suis tourné, c’est l’État et la Collectivité européenne d’Alsace (CEA). Sur la partie montage, nous avons atteint 44% pour la CEA et 36% pour l’État.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la collectivité dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Nous avons donc travaillé avec une entreprise de Grussenheim, qui nous a expliqué les problématiques qu’il pourrait y avoir sur le projet, comment on allait résoudre la chose. Nous avons travaillé en toute confiance avec cette entreprise qui agit régulièrement pour les chantiers de réservoirs dans la vallée de Villé.