Comment le sujet des bornes incendies communicantes s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Cela est parti d’un constat : pendant la période des incendies, en dépit des interdictions, beaucoup de personnes pénètrent dans le massif forestier. Nous avons quadrillé le massif forestier de la commune pour que l’on ne puisse plus rentrer à pied, à vélo ou en voiture, sans le savoir ou dire qu’on ne le savait pas. C’est vraiment délibérément que les individus rentreront, malgré les interdictions, dans le massif forestier, ils seront alors verbalisés.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
La période estivale de 2022 marquée par des incendies, des méga-feux a mis en abîme une réalité : la forme géographique en entonnoir de la presqu’île de Lège- Cap Ferret. Ainsi, alors que 80 % de sa commune est recouverte de forêt, un incendie avec des vents de nord ou de nord-ouest pourrait devenir dramatique pour les populations de la presqu’île. C’est la raison pour laquelle nous avons créé un groupe de travail et nous avons décidé avec mes adjoints, Luc Arsonneaud et Evelyne Dupuy, de mettre en place tous les dispositifs possibles pour prévenir le risque d’incendie de forêt. Plus de 95 % des incendies sont d’origine humaine. Par conséquent, en interdisant l’accès en forêt nous limitons considérablement le risque de départ d’incendies de forêt.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Nous avons mis en place deux groupes de travail. Un groupe de travail en interne, c’est-à-dire intérieur-mairie, avec des élus, des techniciens, et également un conseiller technique qui est un ancien colonel des sapeurs-pompiers à la retraite. Cela nous permettait d’avoir un sachant.
D’autre part, nous avions un groupe de travail plus ouvert avec l’ONF, le SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours), les sapeurs-pompiers, l’ASA DFCI (’Association syndicale autorisée Défense des forêts contre l’incendie), les propriétaires forestiers, et puis les services de l’État aux instances larges du terme, la DDTM (Direction Départementale des Terres et des mers).
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
En premier lieu, il faut avoir un retour d’expérience sur les incendies qui ont dévasté les communes voisines, que ce soit La Teste-de-Buch ou Arès. Il faut voir la géographie de la presqu’île et son caractère spécifique entre bassins et océans. En règle générale, en période de canicule, les vents orientés nord-est sont un vrai danger.
Nous avons donc décidé de réfléchir et de tout mettre en œuvre pour ce que j’appelais le PASE : Prévenir, Alerter, Secourir, Évacuer. Nous avons ainsi travaillé sur ces quatre items et dans le cadre de cette prévention, les bornes avaient toute leur place étant un élément extrêmement structurant de notre dispositif de prévention.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
En 2020, nous avions déjà commencé par l’application des obligations légales de débroussaillement, les OLD. Celles-ci n’ont pas forcément été très bien perçues par nos administrés à ce moment précis. En 2021, nous avons envoyé une salve de 350 courriers recommandés demandant aux titulaires d’un bien en proximité d’un massif forestier de défricher, nettoyer, débroussailler et d’entretenir non seulement leur bien, mais le bien d’autrui. Lorsque vous installez une maison à proximité d’un massif forestier, vous avez une obligation de débroussaillement sur les 50 mètres autour de votre domicile. C’est une obligation du Code forestier qui date de la fin du XIXe.
Les incendies de La Teste-de-Buch et d’Arès ont permis de faire accepter des mesures, de les faire comprendre, alors que par le passé, elles étaient moins bien acceptées et mal comprises.
La borne fait partie de l’arsenal mis en œuvre pour prévenir les incendies. Celle-ci a un double rôle de prévention mais aussi d’alerte avec le bouton poussoir qui permet d’alerter si d’aventure on constatait un début d’incendie ou quelque anomalie que ce soit.
Enfin nous avons mis en place un plan de communication qui a été extrêmement relayé dans les médias : de France 2 à RTL en passant par France 3, BFM, LCI, CNews. Cela a de fait, sensibilisé la population sur ce dispositif et sur le risque incendie.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le dispositif a coûté 25 000 euros, le département nous a aidé à hauteur de 50%.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Le SDIS, la DDTM, l’ONF, l’ASA DFCI