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Un drone capable d’anticiper les départs de feu et de déclencher des mesures d’urgence (11)

La société MENAPS a travaillé avec les sapeurs-pompiers de l’Aude (SDIS11) pour développer un drone capable de détecter des feux de forêt grâce à des systèmes d’intelligence artificielle (IA). L’objectif était de détecter les départs d’incendies plus rapidement et d’en informer les services en continue, sur un territoire touché chaque année par environ 300 feux de forêt.  Les premières expérimentations ont été menées dans le massif de Lézignan en juillet 2023. Le département souhaite créer une flotte pouvant surveiller environ 706 hectares en 30 secondes.

Entretien avec le Dr. Hamdi Chaker, CEO Menaps et expert en Big Data et en Intelligence Artificielle

Parole d'entreprise
Dr Hamdi Chaker - Crédits photo : Menaps
Défense extérieure contre l’incendie

Ce projet est porté par :

  • Menaps
  • Le SDIS 11

 

« Nous disposons de nombreux outils pour la transformation digitale, l’IA permet de gagner du temps sur des tâches récurrentes. Mais l’avantage de MENAPS est de communiquer sur du concret avec des références tangibles. C’est un sujet flou pour le profane (pompiers, ingénieurs) mais grâce à ces cas concrets, des personnes comprennent le potentiel de ce qui est faisable. »

Parole d'entreprise

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Pouvez-vous nous décrire le projet de Fire Eagle ?

Il s’agit de notre premier projet avec les collectivités territoriales. Fire Eagle est un drone augmenté pourvu de systèmes d’intelligence artificielle capable d’anticiper et de prédire les feux de forêt, sur lequel nous travaillons en R&D (Recherche et Développement) depuis 2 ans..  Aujourd’hui, nous travaillons avec le SDIS11 de l’Aude pour l’expérimenter en environnement réel.

Ce drone autonome est pourvu de caméras thermiques, de caméras optiques et de différents capteurs (vent et humidité). Il est ainsi capable de récupérer de l’information, de la collecter et de la traiter. Grâce à cette combinaison de technologie, le SDIS11 a été en mesure de définir une zone géographique à quadriller et d’y déployer le drone afin de détecter de la fumée avant même l’enclenchement du feu à 1,5 km et sur 1m². Une fois le quadrillage terminé, le drone a été capable de revenir seul, en autonomie, à sa base de recharge. C’était un vrai défi pour MENAPS !

L’idée de cette expérimentation était de montrer aux acteurs publics qu’il est aujourd’hui possible de détecter un feu à moins de cinq minutes après son départ pour limiter les catastrophes potentielles :

  • Grâce aux caméras thermiques embarquées, le drone détecte les variations de chaleur via la combinaison d’informations éparses devient possible ;
  • Grâce au superviseur développé par la structure, le drone aide à gérer une situation d’urgence : il se rapproche d’autres drones proches de la zone problématique. Ensemble, ils valident (ou invalident) le départ d’incendie tout en notifiant le centre de contrôle le plus proche.

 

Comment la collectivité s’est adressée à vous ?

Imaginez, c’était il y a deux ans ! J’ai été amené à participer à la rédaction du Rapport national sur l’impact de l’IA sur le métier de sapeur-pompier à horizon 2050 en tant que Docteur en informatique. J’ai alors compris leur travail, estimé leur niveau de transformation digitale et effectué un premier diagnostic avec plusieurs recommandations portant à la fois sur le besoin d’adaptation au changement climatique et sur la gestion des feux de forêt.

Lorsque nous avons commencé à discuter des fondements du projet avec le SDIS11, une condition était de travailler main dans la main, afin de parfaitement comprendre le métier de sapeur-pompier et de répondre à leur(s) besoin(s) profond(s). Si une société de technologies propose une solution décorrélée du métier, elle ne fonctionnera pas. Nous voulions à tout prix éviter cet écueil.

 

Quel est votre discours quand vous présentez la solution à un “profane” de l’IA, pour justifier de la valeur que vous apportez ?

Trouver les mots justes n’est jamais facile. Nous cherchons d’abord à démystifier l’intelligence artificielle pour convaincre de la pertinence de son utilisation sur nos projets. Puis, nous menons tout un travail de sensibilisation et formation auprès de nos interlocuteurs par le biais d’ateliers ou de réunions de travail. Lorsque nous échangeons avec des acteurs publics (et notamment avec des collectivités territoriales), nous cherchons à être factuels, transparents et rassurants. Il faut être pragmatique et montrer la valeur ajoutée du projet pour le territoire et leurs équipes de la collectivité.

 

Est-ce que les acteurs publics communiquent sur ces actions auprès de la population ?

Tout à fait ! Les citoyens prennent parfois même les devants ! A titre d’exemple, au début des essais à Lézignan, certains des usagers se sont montrés curieux et sont venus nous questionner sur les drones. Certains d’entre eux avaient déjà eu vent des expérimentations et avaient mené tout un travail d’évangélisation autour d‘eux. Sur le sujet des feux, les citoyens sont très touchés et ils comprennent que l’eau est une ressource clé. Nous avons vite compris qu’il était essentiel de les mettre dans la boucle et de les faire adhérer à la démarche, afin qu’ils deviennent des facilitateurs sur le territoire.

 

Avez-vous des résultats concrets à fournir ?

Nous n’avons pas de chiffres à fournir car, heureusement, aucun départ de feu n’a été enregistré depuis le début de nos expérimentations sur le périmètre géographique défini. En revanche, MENAPS, avec l’aide du SDIS11,  a effectué quelques calculs pour souligner l’importance d’éviter un feu, en se concentrant sur les impacts liés à l’eau. Par exemple, éteindre un feu de 1 hectare (100m/100m) nécessite 1 GIFF (module feux de forêts) soit 22000 litres d’eau. En pratique, il faudra souvent 2 GIFF soit 44000 litres (44 m3) (données estimées).

Les réseaux de DECI (défense extérieure contre les incendies)  reposent sur les réseaux maillés d’eau potable, ce qui signifie que les bornes à incendie (bornes rouges) utilisent la même eau que celle destinée à la consommation. D’où l’importance d’une détection précoce des feux pour limiter les surfaces brûlées et donc réduire la consommation d’eau potable.
De plus, il est crucial de rechercher des sources alternatives basées sur de l’eau brute, comme les retenues collinaires ou les points de puisage aménagés sur des cours d’eau ainsi que les eaux traitées  dans des stations d’épuration (expérimentation en cours dans quelques départements).  Fire eagle peut être aussi utilisé lors des vols pour identifier et évaluer le niveau des points d’eau brute.

J’ai été surpris d’apprendre que pour éteindre un feu, c’est de l’eau potable qui est utilisée, et que les quantités d’eau nécessaires sont énormes ! Par exemple, pour un feu de 1km2 (soit 100ha) il peut être nécessaire de mobiliser au minimum 450 000 litres, soit 450m3. De nos jours, les feux de plus de 100ha sont fréquents, et chaque saison enregistre plusieurs incendies de cette envergure.  Fire Eagle permet non seulement d’anticiper, mais aussi de surveiller les feux naissants qui peuvent se propager rapidement en raison de la chaleur accumulée dans le sol.

 

Plus largement, pouvez-vous nous parler du contexte de la création de Menaps ?

En 2019, avec mon associé ingénierie en aéronautique, nous sommes partis d’un constat de marché. Nous avons remarqué que les sociétés de transformation digitale étaient divisées en deux groupes :

  • Celles qui travaillaient sur de la stratégie – que puis-je faire, comment et par quoi commencer avec la technologie et l’IA ?
  • Et celles qui opérationnalisaient, dont le modèle est de développer des solutions qui répondent aux besoins de leurs clients..

 

Il nous est apparu important de mêler les deux. Nous avons donc proposé de porter une stratégie jusqu’à son opérationnalisation, en réfléchissant avec le client. L’idée est de proposer autant une réflexion stratégique qu’un travail sur la partie opérationnelle pour tendre vers un résultat final abouti. Fire Eagle en est l’exemple parfait !

 

Aujourd’hui, après la phase de test, où en êtes-vous ?

En phase d’industrialisation ! A l’échelle nationale, nous sommes en cours de démonstration pour que nos solutions soient intégrées dans les usages des sapeurs-pompiers afin d’éviter les catastrophes.

Le projet en détails

Dates clés

Juillet 2023

Phase de tests à Lézignan Corbières - Occitanie

Août 2023

Phase de tests à Lézignan Corbières - Occitanie

Chiffres clés

62000 hectares
Superficie brulée en France en 2023
450 000 litres
Volume d'eau nécessaire pour un feu de 100 hectares

Résultats

  • Pour un feu d’1km2 (soit 100 hectares) il peut être nécessaire de mobiliser au minimum 450 000 litres, soit 450m3, ce qui équivaut à la consommation d’eau potable de 800 personnes par an.
  • En 2023, la France a vu brûler environ 62 000 hectares de forêts dans des incendies, ce qui équivaut à 620 km2 soit 279 000m3, soit la consommation annuelle d’eau potable de 500 000 personnes.

À retenir

L'IA permet d'anticiper

Pour être efficace, il est nécessaire de combiner stratégie et opérationnalité

Il faut travailler avec les équipes du cœur de métier pour répondre à leurs besoins

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