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Des innovations au service de la gestion patrimoniale des réseaux et canalisations d’eau

Cet article a été rédigé par Cyrielle Pasquier

Crédits photos : Une chemise sur mesure est glissée à l’intérieur des canalisations, puis un robot équipé vient polymériser les résines à l’aide d’UV - Crédits photo - PMA Service Eau et Assainissement

Au cœur de la continuité et de la qualité du service public de l’eau, les réseaux et canalisations nécessitent une gestion patrimoniale rigoureuse, d’autant plus dans un contexte marqué par le vieillissement des infrastructures, les contraintes budgétaires et les exigences réglementaires. Plusieurs leviers se combinent pour préserver la performance des infrastructures. Parmi eux, l’innovation offre des perspectives prometteuses : matériaux durables, techniques sans tranchée et outils numériques transforment la manière d’entretenir et de moderniser ces ouvrages du service public de l’eau. Tour d’horizon des innovations techniques et technologiques qui ont fait leur preuve au sein des collectivités.

La détection des fuites et la maîtrise des pertes : un enjeu environnemental et économique

Les fuites, souvent invisibles, représentent une part importante de l’eau distribuée qui ne parvient jamais jusqu’à l’usager. En 2021, la part du volume d’eau mis en distribution perdu par fuite dans les canalisations s’élevait à 18,5 %. Pour y remédier, les techniques de surveillance et de localisation des fuites évoluent : capteurs acoustiques, injection de gaz traceur ou thermographie infrarouge offrent une identification rapide et précise des anomalies.

Les capteurs acoustiques et corrélateurs

Les capteurs acoustiques et corrélateurs ont longtemps constitué la base des campagnes de recherche de fuite. Installés sur les organes du réseau (vannes, bouches à clé, poteaux d’incendie), ces capteurs enregistrent en continu les vibrations et pressions anormales, puis transmettent les données à des plateformes de supervision centralisées. L’analyse algorithmique permet de repérer en temps réel les signaux caractéristiques d’une fuite et d’en déterminer la localisation avec une précision accrue, sans ouvrir la voirie. La Métropole de Nice utilise les techniques acoustiques pour pré-localiser les fuites, qui ont permis d’identifier en 2023 « près de 112 alertes de fuites pré-localisées sur l’ensemble du réseau qui ont donné lieu à la confirmation de 69 fuites effectives »

Les technologies d’inspection robotisée

Associées à la détection acoustique, les technologies d’inspection robotisée, telles que les caméras auto-tractées ou les robots téléopérés, facilitent également l’observation de zones jusqu’ici difficiles d’accès, notamment dans les conduites anciennes ou les réseaux souterrains complexes.

Le gaz traceur et la thermographie infrarouge

Pour les tuyaux profonds, la méthode du gaz traceur s’avère particulièrement adaptée : un gaz inerte introduit sous pression est détecté à la surface, révélant l’emplacement de la fuite. La thermographie infrarouge, utilisée via des drones, épouse les besoins des collectivités urbaines qui doivent surveiller de vastes secteurs.

Tableau : Techniques de détection des fuites et contexte d’usage

Méthode Atout technique Usage recommandé
Surveillance acoustique Localisation sans fouille Tuyaux peu profonds
Gaz traceur Fiabilité en profondeur Canalisations enterrés complexes
Thermographie infrarouge Couverture de surface Diagnostics préventifs en zone urbaine

Ce tableau synthétise l’intérêt du choix technique selon la configuration des réseaux pour les élus et agents en charge de la gestion.

Réhabiliter sans détruire : des techniques alternatives de préservation des tuyaux

Plus d’un tiers des réseaux français ont dépassé leur durée de vie théorique, et leur remplacement complet est financièrement inenvisageable. Dans ce contexte, les techniques dites « sans tranchée » offrent une alternative précieuse. Ces procédés permettent de réparer ou de renforcer une conduite sans nécessiter de lourds travaux de terrassement, réduisant ainsi les coûts, les délais et les nuisances pour les riverains.

Le chemisage des réseaux

Parmi ces méthodes, le chemisage—consistant à insérer une gaine imprégnée de résine à l’intérieur de la conduite—laquelle durcit ensuite et assure l’étanchéité durable. Ce procédé limite les excavations ainsi que les perturbations urbaines, tout en maintenant la fonctionnalité des canalisations enterrés. Le Pays de Montbéliard Agglomération (25) s’est tourné vers cette approche « construire sans détruire » en optant pour le chemisage sur 835 mètres de linéaires. Résultats : un moindre cout de l’opération, une durée des travaux plus courte et une gêne limitée pour les habitants du quartier où la circulation a pu être maintenue.

La méthode du bursting

L’éclatement de conduites (bursting) permet quant de remplacer intégralement un tronçon tout en augmentant parfois son diamètre utile, sans ouverture de tranchée. Ces techniques, menées sous contrôle vidéo, sont particulièrement adaptées aux environnements urbains denses, où les contraintes d’espace et de circulation sont fortes. De plus, elles sont intéressantes pour réduire l’impact carbone de ce type de travaux comme le rapporte la Communauté d’agglomération Grand Auch Coeur de Gascogne (GACG) qui a expérimenté cette technique sur son territoire.
Précisons que le choix des innovations techniques s’opère en fonction de diagnostics précis du patrimoine enterré et d’une cartographie détaillée réalisée à l’aide de téléservices spécialisés.

Le recours à des matériaux plus durables

Par ailleurs, au-delà des techniques sans tranchées, les collectivités recourent à des matériaux plus performants et durable pour réhabiliter leurs anciennes canalisations : gaines composites, résines époxydes, polymères résistants à la corrosion et aux contraintes hydrauliques. A titre d’exemple, la commune de Monastier-sur-Gazeille (43) a fait poser 2,2 km de canalisation en polyéthylène haute densité, un matériau plus pérenne et fiable contre les fuites.

Les outils numériques au cœur de la gestion patrimoniale

Le numérique occupe une place centrale dans la gestion patrimoniale des réseaux d’eau. Son apport ne se limite plus à la cartographie, il structure désormais l’ensemble des processus de suivi, de planification et de coordination entre acteurs. Les outils numériques assurent une meilleure connaissance du patrimoine, facilitent les décisions techniques et garantissent la cohérence entre les multiples intervenants des services publics de l’eau.

Le système d’information géographique

Le système d’information géographique (SIG) demeure le socle de cette organisation. Il centralise les données techniques, géolocalisées et historiques des réseaux, équipements de défense incendie, branchements d’eau pluviale… Il permet une visualisation fine du réseau et de son évolution dans le temps servant à identifier les zones sensibles, documenter les interventions et anticiper les travaux de maintenance. La Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse a développé son propre système d’information géographique pour assurer une surveillance constante de son réseau.
Couplé à des bases de données patrimoniales, le SIG soutient la programmation pluriannuelle des investissements et la priorisation des opérations à mener.

Les téléservices spécialisés

Avant tout chantier, les collectivités consultent les téléservices dédiés : ils permettent de signaler la présence des réseaux enterrés, de prévenir les dommages aux canalisations et de coordonner la sécurité des agents et entreprises intervenantes.
Les téléservices spécialisés automatisent une part croissante des démarches : consultation des plans, suivi des interventions… A titre d’exemple, le guichet unique « Réseaux et canalisations », administré par L’INERIS, permet aux collectivités d’effectuer toutes les démarches de déclaration de travaux (DT) et de déclaration d’intention de commencement de travaux (DICT). En simplifiant les échanges administratifs, ils renforcent la traçabilité et la transparence des opérations.

Les jumeaux numériques

L’émergence des jumeaux numériques marque une étape supplémentaire. Ces répliques virtuelles des réseaux simulent les comportements hydrauliques et anticipent les effets de différentes hypothèses : fuites, surcharge, interruption, travaux programmés. Cette modélisation prédictive facilite la planification des interventions, tout en optimisant les coûts d’exploitation et les ressources humaines.

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Piloté par la Banque des Territoires, le Programme aquagir a pour mission centrale daider les collectivités territoriales à prendre conscience des enjeux de l’eau, à accélérer leur passage à l’action et à prendre en main le sujet de l’eau sur leur territoire. Il vise à stimuler l’émergence, à accompagner et à financer les projets des collectivités liés à la gestion durable de l’eau.

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