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Un projet au long cours pour réduire les fuites dans 42 communes autour de Guerbigny (80)

Suite à l’étude patrimoniale réalisée en 2017, le Syndicat intercommunal d’adduction en eau potable de Guerbigny (80) a engagé des travaux pour réduire les fuites et sécuriser la distribution de l’eau potable.

Au programme : la rénovation progressive du réseau, celle d’un réservoir et la construction d’un autre de 800m3.

Sur les 6 km déjà réalisés, le taux de rendement est désormais de 90%. Le projet a bénéficié de subventions de l’Agence de l’Eau et de l’Etat (Dotation d’équipement des territoires ruraux). Le Syndicat a également bénéficié d’un Aquaprêt à 1,75% octroyé par la Banque des Territoires.

Entretien avec les porteurs du projet de réhabilitation du réseau d'eau potable

Parole de collectivité
Jean Marie Carré - Crédits photo : Banque des Territoires
Production de l’eau

Ce projet est porté par :

  • Jean-Marie Carré (en photo), président du Syndicat intercommunal d’adduction en eau potable de Guerbigny (80). Le SIAEP de Guerbigny compte 42 communes regroupant quelque 5 000 abonnés, soit environ 10 000 habitants.

Avec

  • Mario Suin, chef d’exploitation
  • Aude Bruniaux, rédactrice au SIAEP

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet de la réhabilitation du réseau d’eau potable s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Le Syndicat intercommunal d’adduction en eau potable de Guerbigny (80), qui regroupe aujourd’hui 42 petites communes de la Somme et de l’Oise existe depuis 1922. Il a pour unique objet la production de l’eau potable, son stockage, sa distribution, l’entretien du réseau en régie, les travaux et la facturation.

L’eau, d’excellente qualité, est puisée dans trois points de captage souterrains au cœur du bassin Artois Picard. Les habitants sont alimentés par cinq châteaux d’eau et un réservoir semi-enterré, via un réseau de 264 km. Notre principal sujet, ces dernières années, a été de réduire les fuites et d’augmenter nos capacités de stockage pour sécuriser l’approvisionnement. Nous menons en parallèle de nombreuses actions pour amener les usagers à réduire leur consommation d’eau, en faisant la promotion des réservoirs d’eau pluviale, des chasses d’eau doubles. C’est d’ailleurs un peu paradoxal car une réduction de la consommation signifie pour nous une baisse de l’autofinancement pour les travaux…

Nous avons actuellement un taux de perte de 14,7%. Il était deux fois plus important en 1992, à cause surtout de l’ancienneté des canalisations dont les plus anciennes dataient de 1922. La télégestion en 1990 et la pose de compteurs de sectorisation nous ont permis d’identifier les secteurs concernés. En 2016-2017 une étude patrimoniale plus poussée et financée à 70% par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, nous a confirmé que nos conduites en fonte étaient corrodées et attaquées (terrains agressifs). L’étude nous a aussi convaincus d’augmenter nos capacités de stockage, un constat déjà fait en 1994 mais qui n’avait alors pas convaincu l’ensemble des élus des communes.

 

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous avons procédé à des travaux assez classiques de rénovation du réseau et de construction d’un réservoir de 800 m3. Le bureau d’études chargée de l’enquête patrimoniale préconisait la rénovation de 2 à 3km par an, c’est le rythme que nous avons adopté depuis les premiers travaux en 2019.

Nous avions une double canalisation : une pour la connexion intervillages, l’autre pour la distribution au sein du village avant la mise en place des compteurs individuels. Ces doubles canalisations ont été déposées et remplacées par des canalisations de 150 cm en fonte ductile française (nous y tenions) et pour les petits diamètres, par des tuyaux en polyéthylène, moins chers et plus rapides à poser (toujours de fabrication française).

A Etelfay, nous avons également créé en 2020 un nouveau réservoir semi-enterré de 800 m3 (avec deux cuves). Avec celui sur tour, ils permettent à eux deux d’alimenter l’ensemble des communes. Si l’on y ajoute nos quatre autres réservoirs, nos capacités de production et de stockage nous permettent d’alimenter quand c’est nécessaire les villes de Roye et Montdidier avec lesquelles nous sommes interconnectés. Nous le sommes également avec le SIEP du Santerre, confronté durant les étés 2022 et 2023 à la raréfaction de sa ressource.

Nous avons aussi réhabilité en 2021 notre réservoir sur tour à Etelfay (600 m3). L’étanchéité, les bétons intérieur et extérieur de la cuve, les piliers ont été remis en état. Toutes les conduites et vannes ont été remplacées par du matériel en inox ainsi que le surpresseur. Nous avons aussi réalisé l’indispensable mise aux normes de sécurité, à la fois pour les agents et contre les intrusions : porte blindée, ajout d’une seconde porte, installation d’un garde-corps autour du dôme et changement des échelles intérieures.

 

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

L’étude patrimoniale de 2017 conjointement avec nos techniciens a permis la réalisation des travaux.

 

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Pour la réhabilitation du réservoir de 600m3 et  la construction du semi enterré de 800m3, un bureau d’étude a été choisi avec une assistance à maîtrise d’ouvrage en plus des techniciens du syndicat.

Pour les réseaux, l’étude patrimoniale a confirmé les projets de remplacement ainsi que le dimensionnement des conduites. Ensuite le plus important a été le financement : maîtriser les demandes de subventions et construire les scénarii d’augmentation du prix de l’eau.

 

Lors des phases de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Nous avons essentiellement communiqué auprès des 84 délégués représentant les 42 communes membres du Syndicat. Libres à eux ensuite de répercuter l’information auprès de leurs administrés. La qualité de l’enquête patrimoniale nous a été précieuse pour convaincre l’ensemble des élus car ce n’était pas gagné. Nous nous sommes beaucoup appuyés sur ce travail précis et argumenté. Un chantier de canalisation, ça ne se voit pas, cela n’est pas très valorisant pour un élu.

En 2022, pour les cent ans de notre Syndicat, nous avons lancé un site internet où nous présentons nos missions et notre patrimoine tout en proposant un espace abonné.

 

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

La restauration de 6 km de réseau a été financée à 25% par l’Etat (DETR) et de 1,9 à 5,4% par l’Agence de l’eau. Pour la réhabilitation du réservoir sur tour, nous avons été aidés par la DETR à hauteur de 25% aussi. La construction du réservoir semi-enterré a été financée par l’Agence de l’Eau à 25% et par la DETR pour 20%.

Le reste a été financé par le SIAEP. Nous avons contracté auprès de la Banque des territoires un Aquaprêt de 1,5 M€ au taux de 1,76%. Nous avions aussi de la trésorerie et tout cela a permis de lancer les travaux rapidement avant le versement des subventions. Dès 2021, nous avons augmenté de 11 centimes le prix du m3 dans l’optique de réaliser ces travaux et ceux à venir pour le reste du linéaire. Mais avec la flambée du prix des matériaux, pas sûr que cela soit suffisant. En 2022, le prix de la fonte a par exemple bondi de 40%.

 

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le SIAEP de Guerbigny dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Nous avons été bien accompagnés par le bureau d’études G2C (Arras) missionné pour l’enquête patrimoniale. Il a notamment identifié les aides et subventions mobilisables. Son travail nous a également permis de convaincre certains élus réticents.

L’EPTB Somme-AMEVA apporte aux collectivités une assistance technique, juridique et administrative sur les projets de protection et de gestion de l’eau. Il nous a aidé à établir le marché à bons de commandes pour les travaux.

Les travaux du réseau ont été effectués par les entreprises Lhotellier (Villers Bretonneux) et NGE-Ehtp (Arras).

La construction du réservoir semi-enterré a été menée par les entreprises Balestra (Nord) et Lhotellier.

Pour la rénovation du réservoir sur tour nous avons fait appel à l’entreprise H2O (Nord).

Le projet en détails

Dates clés

2016

Mise à l'agenda

2017

Inspiration

2018

Diagnostic et planification

2019 à aujourd'hui

Réalisation des travaux

Chiffres clés

264 km
Longueur du réseau réhabilité
1,5M€ empruntés au taux de 1,76%
Montant du prêt
90%
Taux de rendement du réseau après travaux

Résultats

  • Le réservoir sur tour d'Etelfay a été rénové et sécurisé. Un réservoir semi-enterré de 800m3 a été construit à côté
  • Le SIAEP rénove deux à trois kilomètres de canalisations chaque année depuis 2019

À retenir

Le taux de rendement s'est bien amélioré sur les portions rénovées : il est passé de 75 à 90% en moyenne.

Nous avons assuré une sécurité en stockage de l’eau

Il nous a fallu composer avec la Covid et ensuite l'explosion du prix des matériaux qui n'a pas été répercutée sur le montant des subventions accordées. Cela nous a amenés à retarder certains travaux.

En savoir plus sur le SIAEP de Guerbigny

Nombre de communes membres

42

Nombre d'habitants

10 000

Données de contact

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