Comment le sujet de l’arrosage intelligent s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
En tant que territoire dit « Robonumérique », nous faisons partie d’un écosystème pionnier de la robotique industrielle, et plus largement, des nouvelles technologies. Nous sommes donc très attentifs aux solutions techniques et technologiques qui permettraient d’améliorer la performance de nos services.
Dans ce cas précis, c’est le service Espace Vert, en charge de l’entretien des terrains de sport, qui nous a soumis l’idée en 2017. La commune n’en était pas à son premier coup d’essai car nous avions déjà eu une première expérience avec des robot-tondeuses par le passé.
Nous organisons chaque année des rencontres économiques auxquels sont conviées inventeurs et chefs d’entreprises. Au travers des liens créés, nous avons élaboré le projet avec une start-up locale prête à nous accompagner dans la création du dispositif.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Puisque qu’il s’agit d’une création de toute pièce, nous ne nous sommes pas particulièrement inspirés d’autres collectivités. Certaines choses existaient sans doute déjà sur le marché, mais pas ce type produit avec le logiciel intégré.
Le projet initial relevait de l’expérimentation. L’objectif était de valider le fonctionnement de la solution. En cas de succès, elle serait répliquée, à plus grande échelle, sur d’autres espaces ou dans d’autres villes.
Quelles études de faisabilité et/ou d’impact ont été réalisée pour ce projet ?
Nous avons avancé pas à pas avec la start-up pour concevoir l’ensemble des éléments du dispositif. La création du système et les nombreux allers et retours qui l’ont accompagnée nous ont pris deux ans. La première année, nous avons testé la faisabilité sur un terrain « pilote ». Puis, nous avons étendu l’expérimentation à un deuxième terrain l’année suivante.
Quant à l’impact du projet, il était difficile d’estimer à l’avance les mètres cubes d’eau économisés. Nous savions seulement que les économies seraient au rendez-vous car, grâce aux capteurs, nous n’arroserions plus à l’aveugle. Et effectivement, pour la saison complète 2019, nous avons réalisé une économie d’eau d’environ 35 % sur l’ensemble des terrains équipés.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment êtes-vous assuré du bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
La question n’était pas tant le dimensionnement du projet mais plutôt le paramétrage du système. Il nous a fallu collecter et paramétrer tout un ensemble de données – des données aussi bien techniques, telles que la taille des terrains ou encore le taux d’humidité des sols ; que des données humaines, toutes aussi essentielles, comme les heures d’occupation des terrains ou les plages de tonte.
Nous avons donc travaillé en transversalité pour faire remonter l’ensemble de ces informations. Le service des sports renseignait le logiciel d’occupation des terrains. Le service Espaces Verts programmait l’arrosage automatique et renseignait les plages de tonte. Enfin, le service informatique, avec la start-up, avait la charge de concevoir l’interface informatique et de suivre la transmission des données.
Pour cette co-construction expérimentale nous avons adopté une approche par tâtonnement. En fonction du retour des différents services et des clubs utilisant le terrain pilote, nous avons apporté progressivement tous les ajustements nécessaires, qu’ils s’agissent des heures d’arrosage ou de leurs cadences.
Quant à l’adhésion des citoyens, elle n’était pas réellement nécessaire dans la mesure où il s’agit de terrains privés mis à disposition d’associations sportives et de leurs adhérents. Nous avons simplement discuté avec les utilisateurs qui se sont ralliés sans difficulté au projet. Nous avons bien entendu veillé à ne pas perturber leurs habitudes grâce à des échanges quasi quotidiens.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Au-delà de la motivation et de la transversalité, ce projet ne demande pas de grandes compétences.
Pour Saint-Quentin la création et la mise en route ont été quelque peu complexes. Cependant, toute collectivité souhaitant répliquer cette solution serait épargnée de cette phase expérimentale. Il leur suffirait aujourd’hui de prendre contact avec nous et la start-up Hostabee et de déployer la solution de manière tout à fait classique.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le coût d’investissement du projet s’élève à 76 000 euros. En tant qu’adhérente au programme européen Smart Cities Innovations Framework Implementation (SCIFI), Saint-Quentin a pu bénéficier d’une subvention à hauteur de 50% pour la création et le déploiement de la solution sur quatre des huit terrains aujourd’hui équipés. La commune a financé sur ses fonds propres le montant restant.
Ce coup de pouce aura permis de porter l’innovation jusqu’à maturation. Maintenant que le dispositif existe, son déploiement est bien plus facile et bien moins cher.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Saint-Quentin dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Nous avions déjà en interne toute l’expertise métier et une bonne compréhension des besoins sur le terrain. Pour la dimension numérique et outillage, nous avons été accompagnés par Hostabee, une start-up de techniciens-inventeurs spécialisés dans la gestion des données et de la création d’outils de pilotage.
Une deuxième structure, Pop School, avait également installé à l’époque des stations météo avec des capteurs d’humidité.