Désimperméabiliser les sols dans un lotissement des années 60 (35)
Sur la commune de Vezin-le-Coquet (35), la requalification de trois rues a permis de réduire l’imperméabilisation des sols dans un quartier pavillonnaire des années 60 conçu initialement en tout-voiture. Ces travaux diminuent ainsi les apports d’eaux de surface dans le réseau unitaire.
Les rues sont dotées désormais de places de parking en pavé à joint gazon, d’arbres et d’espaces verts, pour permettre l’infiltration des eaux pluviales au plus près du point de chute. Le projet est triple : il concerne à la fois la rénovation des réseaux d’assainissement, la désimperméabilisation des sols et les mobilités. Le projet a été coordonné par Rennes Métropole, pour un budget total de 1,8 millions d’euros. Il a permis de passer de 5% de surfaces perméables à 36 %.





Entretien avec René-François Houssin, Aurélie Quéméner, Philippe Thébault et Gwennola Hamon-Drugeon

Ce projet est présenté par :
- René-François Houssin, maire de Vezin-le-Coquet
- Aurélie Quéméner, adjointe au développement solidaire et durable
- Philippe Thébault, vice-président de Rennes Métropole, en charge des espaces publics et voirie et de la défense extérieure contre l’incendie
- Gwennola Hamon-Drugeon, conductrice d’opérations à la direction des espaces publics et infrastructures de Rennes Métropole
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la désimperméabilisation dans le quartier « des fleurs » s’est‐elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?
La commune de Vezin-le-Coquet avait lancé dès 2016 des études de requalification de l’espace public, avant que cette compétence soit transférée à Rennes Métropole. Le projet du quartier « des fleurs » a été envisagé en 2018 et mis en œuvre pendant le mandat suivant, démarré en 2020.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Vezin-le-Coquet comptait déjà un écoquartier, les Champs Bleus, dans lequel les eaux pluviales s’infiltrent directement grâce à des emplacements de parking en pavés à joint gazon et des espaces verts généreux. D’autres communes de la métropole ont aussi des quartiers neufs conçus pour permettre la pénétration des eaux pluviales, mais il n’existait pas de déconnexion dans des quartiers plus anciens. Rennes Métropole a par ailleurs rédigé un guide des aménagements et de la voirie et un schéma de désimperméabilisation des sols, inspiré d’associations comme l’Adopta (Association Douaisienne pour la Promotion des Techniques Alternatives en matière d’eaux pluviales). Le schéma métropolitain vise un minimum de 30 % de surfaces perméables et/ou végétalisées après aménagement.
Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Rennes Métropole a rédigé en 2017 une note hydraulique. Elle visait, entre autres, à déterminer la nécessité de séparer le réseau d’assainissement avant des travaux de requalification. Cela a guidé les choix à Vezin-le-Coquet : les lagunes fonctionnent bien, il y a peu de déversements en cas d’orages et le réseau est en bon état général. Il a donc été décidé de déconnecter un maximum de surfaces, mais de conserver un réseau unitaire pour les habitations (eaux pluviales et domestiques) et de réaliser des réparations ponctuelles du réseau pour limiter les infiltrations d’eaux parasitaires. La déconnexion des habitations aurait en effet été complexe car elle concerne de nombreux propriétaires et aurait nécessité la destruction de parties privées, certaines canalisations passant sous les terrasses des habitations. Les habitants ont toutefois été incités, via un autre dispositif, à déconnecter leurs gouttières.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Rennes Métropole a développé des applications numériques qui aident à identifier les réseaux prioritaires à rénover en fonction de l’état des réseaux d’assainissement, leur sensibilité aux eaux parasites et des projets d’aménagements d’espaces publics. Cela permet de prioriser les investissements.
Il est nécessaire de bien réaliser le diagnostic de l’existant (voirie et réseaux), de partager les constats et les objectifs de l’aménagement avec les élus. Il est également important d’identifier les usages, les usagers de cet espace public et les mobilités pratiquées.
Puis les travaux ont porté sur le génie civil, les canalisations, les réseaux télécoms, l’éclairage et les plantations.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t‐elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Le dimensionnement était conditionné par l’enveloppe budgétaire. Le Plan Pluriannuel d’Investissement ne permettait pas de rénover l’ensemble du quartier des fleurs durant le mandat 2020-2026. Cette première phase s’est donc centrée sur trois rues : rue des Tulipes, rue des Cyclamens et rue des Roses. Il a fallu être vigilants pour évaluer la quantité de plantations, afin que les services techniques de la commune soient en mesure de les entretenir par la suite.
Des réunions publiques ont été organisées en phase avant-projet pour présenter le diagnostic de l’existant et les propositions d’aménagements.
La commune a distribué des flyers présentant le projet (la période Covid limitant les réunions publiques), proposé une exposition en mairie présentant les vues simulées du quartier, une étude du trafic et une enquête auprès des habitants. La question la plus fréquente des habitants portait sur les places de parking. Or, le projet conserve le même nombre de places.
Comment la collectivité a‐t‐elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le projet total a coûté 1,8 millions d’euros, incluant la voirie, la rénovation des réseaux d’assainissement unitaire, les plantations, le renouvellement de l’éclairage et l’enfouissement des réseaux télécom.
Il a été financé principalement par Rennes Métropole et à hauteur de 120 000 € par la commune de Vezin-le-Coquet pour le remboursement des plantations. Les services techniques de la commune ont par ailleurs réalisé une partie des plantations.
Le projet a bénéficié de deux subventions : 61 000 € de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne et près de 18 000 € du Syndicat départemental d’Énergie (SDE 35) qui soutient le passage à l’éclairage LED.
En plus de ce budget, la commune de Vezin-le-Coquet a financé l’ajout de bancs, le remplacement des panneaux de rue et de signalisation d’intérêt local, etc.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la collectivité dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Sogea : mise en place de boîtes de branchement, renouvellement de certains branchements et d’un tronçon du réseau unitaire
SPIE : effacement des réseaux télécoms et renouvellement de l’éclairage public
Eiffage TP et Keravis TP : voirie, grilles d’évacuation des eaux pluviales
ATEC : réhabilitation par chemisage des réseaux unitaires et branchements non-remplacés
ID Verde : plantations
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Le projet en détails
Dates clés
2016
2017
2021
Avril 2021 - Décembre 2022
Chiffres clés
13 000
36
53
Résultats
L’aménagement améliore la qualité de vie dans le quartier, avec une végétalisation et une diminution de la place de la voiture au bénéfice du piéton.
À retenir
Les élus de la commune se sont fortement impliqués, les échanges ont été constructifs et il y a eu un bon dialogue notamment au sujet des espaces verts, dont la commune doit par la suite assurer l’entretien. La concertation des habitants a été très positive et il n’y a pas eu d’opposition au projet malgré la longue durée des travaux.
Les arbres nécessitent de grandes fosses. Elles ont dû être élargies par rapport au plan initial, afin que les racines n’endommagent pas le bitume de la route et des trottoirs (ceux-ci sont restés bitumés, pour assurer la circulation des poussettes, fauteuils roulants, etc.). Ainsi, les fosses font la largeur d’un emplacement de voiture et les espaces entre les arbres sont pris pour des places de parkings par certains conducteurs.
Une rénovation de l’ensemble du quartier aurait été préférable, mais le budget ne le permettait pas.
Ressources
Ouest-France - Vezin-le-Coquet : La rénovation du lotissement des Fleurs démarre
La Métropole et la Ville vont engager des travaux dans le lotissement des Fleurs pour le moderniser, le sécuriser et le végétaliser. Ils dureront environ un an.
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

ATEC

SPIE

ID Verde

SOGEA

EIFFAGE TP

Keravis TP
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