Restauration morphologique du Briançon à Théziers (30)
Etienne Retailleau, EPTB Gardons
Gestion des milieux aquatiques
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Parole de collectivité
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Depuis les années 1980, la Communauté de Communes de la Vallée de la Bruche travaille en collaboration avec des associations pastorales et les habitants de ses différents villages pour redonner vie à un paysage prairial à vocation agricole, en regagnant des espaces sur les monocultures d’épicéa. Ce projet a notamment permis à la Vallée de la Bruche de recevoir en 2022 le prix de Capitale Française de la Biodiversité.
Jean-Sébastien Laumond est en charge de la coordination de ce projet depuis plus de vingt ans.
Ce projet est porté par :
« La démarche entamée dans la Vallée de la Bruche valorise toutes les ressources : humaines, agricoles, animales, forestières, vers le respect et l’engagement. Pour détourner le slogan de notre vallée, « la préservation des milieux naturels est dans notre nature ! » et nous sommes fiers qu’elle ait été récompensée. »
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Dans les années 1980, les élus de la Vallée de la Bruche ont pris conscience que le paysage dit « jardiné » était en train de se transformer. Avec la disparition des ouvriers-paysans, conséquence de la désindustrialisation en cours (notamment des 52 sites textiles de la vallée) les surfaces de forêt étaient passées de 35 à 77% entre 1950 et aujourd’hui, en lieu et place des surfaces de pâturage. On parle surtout ici de reboisement par la monoculture d’épicéa, fortement encouragée par la PAC (Politique Agricole Commune).
Il fallait alors réouvrir les paysages, tant pour la qualité de vie des habitants que pour le développement économique et touristique. Ce rebond passait par l’activité pastorale, historiquement présente dans la vallée, sujet dont les élus se sont emparés par l’intermédiaire du président de la Communauté de Communes de l’époque, Pierre Grandadam : « la forêt est trop présente, il nous faut maintenir une activité agricole pour une plus grande harmonie du territoire. ». Cet ancien ingénieur agronome revenu dans la vallée a réussi à fédérer pour enclencher une vision collective basée sur la solidarité : les hommes s’entraident et s’occupent des bêtes, qui s’occupent des pâturages, qui dessinent les paysages.
Notre inspiration sur ce sujet a démarré dès les années 1980, avec la création d’une première association pastorale et ce besoin de prise de conscience collective : comment passer d’un paysage « cadre de vie » à une forte qualité environnementale, adapté à la fois au retour de l’agriculture et au changement climatique, notamment en rapportant de l’ombrage et de la production fruitière ?
Dès les années 1980 et 90, de nombreux acteurs nous ont inspiré par l’échange d’expérience et le travail en réseau : pour ne citer qu’eux, la Banque des Territoires à l’époque, l’Agence de l’Eau ensuite, jusqu’à des évènements plus récents tels que les rencontres Biodiversité et Territoires à Montpellier où je me suis rendu cette année
Ce sont les grands principes paysagers qui guident nos actions, par le plan de paysage intercommunal notamment, qui est à ce jour mon document de référence. Les paysages sont une véritable clé d’entrée pour comprendre le sol, le sous-sol, la manière dont les villages étaient implantés et les surfaces utilisées (agricoles, forestières, habitées, prairiales).
Depuis 2016, nous approfondissons ce travail par l’intermédiaire de la démarche Trame Verte et Bleue, qui vise à préserver un réseau de continuités écologiques. Dans le cadre de cette démarche, le village de Muhlbach-sur-Bruche (situé dans la vallée de la Bruche) va accueillir une recomposition de linéaires d’arbres sur une prairie trop horizontale à ce jour. L’idée n’est pas de faire de la “carte postale” dans la vallée, mais de s’adapter aux contraintes actuelles en fonction des besoins humains
En 2010 et 2011, nous avons mené avec l’INRA notamment un vaste travail de prise de connaissance de nos prairies, en terme de faune et de flore. Cela nous a permis de prendre conscience des besoins spécifiques, par exemple des fauches décalées ou tardives permettant de préserver l’environnement de deux espèces, le tarrier des prés et l’azurée des paludes. Nous nous sommes également formés à la gestion pastorale, sur le rôle des bêtes sur l’environnement par exemple.
Cette meilleure connaissance locale nous a permis de diffuser ces informations auprès des acteurs agricoles, en renforçant le dialogue à tous les niveaux, par la Chambre d’Agriculture (le rôle des chargés de mission y est particulièrement important) ou les élus locaux
Notre projet reposant principalement sur l’exploitation du foncier, nous ne pouvions pas agir sans l’adhésion des propriétaires et leur appropriation de notre discours. Nous avons pu nous reposer sur le rôle des communes – et non de la Communauté de Communes, qui n’a jamais dit ce qu’il fallait faire – comme vecteur de compréhension de notre travail.
Depuis les années 2000, nous sentons une forme de culture propre à la vallée sur la notion d’espaces de vie, même si cette culture est à transmettre aux néo-arrivants, notamment après l’épisode de Covid : comment ces nouvelles populations venues de la ville s’approprient ces problématiques d’évolution du paysage ?
Le coût réel de cette politique est celui du chargé de mission, dont le salaire est assuré par la Communauté de Communes, elle-même financée par la dotation aux collectivités et l’impôt. Tous les projets d’associations pastorales et de Trame Verte et Bleue sont en revanche financés à l’extérieur, par la Région, le département, l’Europe voire l’Agence de l’Eau.
Les mesures agro-environnementales, déclinaison de la PAC, nous ont également permis d’obtenir des aides avec un appui européen dès les années 2000 pour soutenir des acteurs agricoles dans les vallées de la Bruche et de Villé
Les parties prenantes ont été nombreuses sur ce projet, des conseillers municipaux à la Chambre d’Agriculture en passant par les associations environnementales, pastorales ou agricoles, sans oublier l’Agence de l’Eau ou la Banque des Territoires. Cette liste n’est pas exhaustive !
Mise à l'agenda
Inspiration
Diagnostic et planification
Réalisation
Loin de la temporalité des mandats électoraux, cette politique de transformation des paysages a su s’inscrire dans la durée (plus de 40 ans)
Une appropriation du projet par un grand nombre d’acteurs
Les démarches administratives parfois lourdes obligent à passer plus de temps derrière un écran que sur le terrain