Des risbermes végétalisées redessinent le lit du Prunelli en Corse-du-Sud (2A)

Comment l’intervention sur le lit du Prunelli s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?

La particularité de la communauté du Celavu Prunelli, comme de celle de la Pieve de l’Ornano et du Taravo avec qui nous menons ce projet, est que la plupart des communes, toutes en ce qui nous concerne, sont traversées par un fleuve ou une rivière, le Prunelli et la Gravona en l’occurrence. Nous connaissons les effets des crues exceptionnelles et des états de sécheresse. Nous travaillons sur la question depuis 2012, et plus directement encore depuis 2018, avec le transfert de la compétence Gemapi. La tempête Fabien en 2019, où le territoire est passé tout près de la catastrophe, a accéléré la réflexion sur les systèmes d’alerte, la protection des populations et l’entretien des cours d’eau. Le souvenir de la Tempête Fabien de décembre 2019, particulièrement dévastatrice sur le Prunelli et ses affluents, a marqué les esprits par son scénario catastrophe et l’ampleur des dégâts provoqués, dont le sauvetage de nombreuses personnes, la perte de matériel sur les exploitations agricoles et les restaurants situés sur la berge du fleuve et la fermeture de l’aéroport d’Ajaccio inondé pendant une semaine.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée du chantier à entreprendre ?

Nous avons répondu à l’Appel à manifestation d’intérêt Eau et Climat de l’Agence de l’Eau en 2023, dont nous avons été lauréats. Sur la base d’une étude sur le transit sédimentaire à l’aval du barrage de Tolla, parce qu’il existe des problématiques spécifiques avec l’absence de crues morphogènes, de crues annuelles qui n’existent finalement plus. Nous ne vivons que des crues importantes ou exceptionnelles en effet, et l’implantation de risbermes faisait partie des conclusions de cette étude.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée ?

Cela faisait partie de la réponse à l’Appel à manifestation d’intérêt Eau et Climat de l’Agence de l’Eau.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Pour toute la partie ingénierie que la communauté de communes du Celavu Prunelli ne possède pas, l’accompagnement a été effectué par la Collectivité de Corse, à travers la direction des milieux aquatiques qui a constitué notre ressource.

Nous avons bien sûr travaillé avec des bureaux d’études spécialisés, dont Aquaconseil. Nous allons travailler maintenant avec CE3E, expert en matière d’études eau espace environnement, sur le Cintulinu, un affluent de la Gravona qui a subi les dégâts d’une crue exceptionnelle (Ciaran/Domingos).

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

L’adhésion est venue presque naturellement, je dirais, de la part d’une population qui a vécu la tempête Fabien notamment. Nous avons organisé des réunions pour présenter le projet. La demande et l’attente étaient fortes et il n’a pas été difficile de les convaincre du bien-fondé du travail qui a été réalisé. Une relation de confiance s’est installée avec les riverains. Nous travaillons sur le Plan Pluriannuel de Restauration et d’Entretien du Prunelli depuis 2020. Ce PPRE comportait d’ailleurs l’enlèvement des embâcles et des bois accumulés dans le cours d’eau après les crues exceptionnelles, près de 3500 m3 à évacuer du lit en 5 ans, et qui constituaient un danger certain pour l’avenir. Cet entretien maintenant sera partagé avec les riverains.
Sur l’alerte crue mise en place, nous allons ouvrir le retour d’expérience aux populations dans les prochains jours.

Comment les deux communautés de communes ont-elles financé la pose des risbermes et le travail sur le lit du Prunelli et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Pour la création de risbermes et la restauration écologique du fleuve, l’Agence de l’Eau a financé le chantier à hauteur de 70%, la Collectivité de Corse à hauteur de 10% à travers le Comité de massif, les deux intercommunalités, Celavu Prunelli et Pieve de l’Ornano et du Taravo, autofinançant les 20% restants.
Concernant le PPRE, l’Agence de l’Eau abonde à hauteur de 30% et la Collectivité de Corse à 50%, l’autofinancement étant à partager entre les deux EPCI concernés par le Prunelli.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

La Collectivité de Corse grâce à sa direction des milieux aquatiques qui nous accompagne dans l’exercice de notre compétence GEMAPI.