Des forages interconnectés pour éviter la coupure d’eau au pays de Saint- Omer (62)
La Communauté d’agglomération du pays de Saint-Omer (CAPSO, 62) a achevé en 2023 un important chantier pour sécuriser la production et la distribution d’eau potable. Pose de canalisations, réalisation d’interconnexions entre les six forages, construction d’un réservoir supplémentaire et d’un surpresseur… Ce chantier d’un montant de 11,5M€ HT a été financé à hauteur de 66% par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie sous forme d’avances et de subventions majorées dans le cadre du plan de relance post-Covid.
Entretien avec Joël Duquenoy, Président de la Communauté d'agglomération du pays de Saint-Omer (62).
Le projet est porté par :
- Joël Duquenoy, président de la Communauté d’agglomération du pays de Saint-Omer (62).
Joël Duquenoy
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet de l’interconnexion et de la création d’un réservoir s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
La réflexion est née dès 2012 face au besoin de sécuriser l’alimentation en eau potable de la Communauté d’Agglomération de Saint-Omer (CASO). Dans la Communauté d’agglomération, cet or bleu provient de forages situés au nord et au sud du territoire. Nos trois forages du nord (à Tilques, Salperwick et Serques) étaient interconnectés entre eux et alimentaient un château d’eau principal, celui dit des Glacis. Les forages du sud (Arques, Hallines et Blendecques) ne l’étaient pas. Cette absence d’interconnexion fragilisait fortement notre alimentation en eau : comment faire en cas de défection d’un forage isolé ? Nous manquions par ailleurs d’un réservoir pour disposer d’une autonomie de stockage équivalente à une journée de consommation.
En 2017, la CASO a fusionné avec trois communautés de communes pour devenir la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer (CAPSO). En 2020, nous avons relancé le projet qui avait été suspendu durant plusieurs années. La conscience du dérèglement climatique et de la raréfaction de l’eau est devenue bien plus forte, ce qui a renforcé l’idée que l’eau devait être l’une de nos priorités. Outre la sécurisation de l’alimentation, nous avons bien d’autres préoccupations : détection des fuites, sectorisation du réseau, sensibilisation des usagers. Nous avons également travaillé sur la mise en place progressive d’un tarif unique et d’une harmonisation des prestations. Une nécessité puisque 20 communes sont gérées par notre régie de l’eau et que les autres sont en délégation de service public avec Veolia ou Suez.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour élaborer ce projet ?
Il n’y a pas eu d’inspiration particulière. Ce sont des travaux assez classiques de canalisations. Plus de 11 kilomètres de tuyaux d’un diamètre de 60cm ont été posés dans six communes. Durant un an et demi, entre l’été 2021 et le début d’année 2023, nous avons construit plusieurs ouvrages pour assurer une liaison entre le château d’eau des Glacis (au nord) et le plateau des Bruyères (au sud) et ses forages. Nous avons également interconnecté les forages du sud entre eux.
A Hallines, au sud, nous avons construit un réservoir semi-enterré de 4 000m3. Cela correspond à une autonomie de stockage d’une journée de consommation. Enfin, entre le nord et le sud, nous avons installé un surpresseur d’une capacité de 300m3/heure pour augmenter la pression.
Un système de télégestion permet d’organiser le remplissage des réservoirs en fonction de leur niveau et de la demande des consommateurs.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Une première étude a été réalisée en 2012 afin de définir un projet technique et une enveloppe financière, mais aussi appréhender l’ensemble des contraintes (foncières, topographiques, géotechniques, réglementaires…). Dans ce cadre, une étude d’impact détaillée a été menée. Cependant, compte-tenu des enjeux financiers, le projet n’a pu se concrétiser sur un temps court.
En 2020, la conscience de la nécessité d’avancer sur la sécurisation de la distribution d’eau potable couplée à des financements complémentaires octroyés dans le cadre du Plan de relance porté par le gouvernement, ont permis de reprendre ce dossier. Le projet a été actualisé et la réglementation ayant évolué, il a fallu également mettre à jour l’étude d’impact de 2012. Nous avons pu montrer par cette étude que les conséquences du chantier sur l’environnement et la biodiversité seraient minimes. Nous avons proposé en parallèle des mesures compensatoires, comme la programmation des interventions en dehors des périodes de reproduction et le décalage de quelques tracés pour préserver la faune et la flore.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Il faut des compétences en hydraulique et en modélisation informatique pour déterminer la dimension des réseaux, la pression, etc. Nous avons également assuré la négociation foncière pour les passages de servitude et l’acquisition d’un terrain privé à Hallines pour y construire le réservoir. L’ensemble de la maîtrise d’œuvre a par ailleurs été délégué à un bureau d’études.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Nous avons rencontré individuellement les propriétaires et exploitants agricoles concernés par une servitude de passage pour leur expliquer le projet. Puis nous avons organisé une réunion publique avant le démarrage des travaux dans les communes concernées pour donner une information plus générale aux riverains sur l’objet des travaux, leur durée, les contraintes et les moyens mis en œuvre pour limiter ces contraintes.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Ce chantier a un coût de 11,5M€ HT. Nous l’avons autofinancé à hauteur de 34%, sans augmenter le prix de l’eau pour les administrés. Le projet datant de 2012, ce prix avait été progressivement relevé dans la perspective des travaux à venir. Cette anticipation nous permet de rembourser les annuités de l’emprunt.
Nous avons bénéficié de 66% d’aides et de subventions (7,6M€ HT) :
- 30% de subventions de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie
- 25% d’avances de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie
- 10% de subventions dans le cadre du Plan de relance post-Covid (Agence de l’Eau)
- 1% au titre de la Dotation de solidarité territoriale (Agence de l’Eau)
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la collectivité dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Concernant les travaux, nous avons délégué la maîtrise d’œuvre au bureau d’études V2R Environnement et Ingénierie (St Martin Boulogne, 62), depuis les études préalables jusqu’à la réception des travaux, en passant par l’avant-projet, le projet, l’assistance à la passation des marchés et le suivi des travaux. V2R était assisté de Paral’Ax Architecture (Alincthun, 62) pour les aspects architecturaux et permis de construire, d’Alfa Environnement (La Capelle-les-Boulogne, 62) pour les études faune-flore et de Most Ingénierie (Zouafques, 62), bureau d’études technique en génie civil pour le réservoir en béton.
Le lot réseaux a été confié au groupement SADE (Saint-Martin-Boulogne, 62) et EHTP (Arras, 62), deux entreprises spécialistes des travaux de pose de canalisations. Gecitec (spécialisée dans le génie civil à Rouvroy, 62), SET Société d’Equipement en Tuyauterie (Haubourdin, 59) et Ciema (automatisation industrielle à Rouvroy, 62) ont assuré la construction du réservoir. Sa conformité a été contrôlée par Qualiconsult (Calais, 62).
Le surpresseur a été installé par le groupement Sogea Nord Hydraulique (Roubaix, 59), Claisse Environnement (Saint-André-lez-Lille, 59) et ISAA Actemium (Tilloy-les-Mofflaines, 62).
La télégestion a été mise en place par ISAA Actemium. Nous avons fait appel à ACS Expertises (Béthune, 62) pour coordonner la sécurité sur les différents chantiers.
Nous avons travaillé en coordination étroite avec les six communes concernées par les chantiers : Saint-Omer, Saint-Martin-lez-Tatinghem, Longuenesse, Wizernes, Blendecques et Hallines. Mais également avec la SNCF et la Sanef, le réseau passant sous une voie ferrée et sous l’A26. Nous avons échangé avec les acteurs économiques pour limiter l’impact de ces travaux nécessitant des barrages routiers sur l’activité économique et le tourisme. Enfin, nous avons informé tout au long du projet Veolia, gestionnaire du réseau sur cette partie du territoire.
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Le projet en détails
Dates clés
2012
2020
2020
2021 - 2023
Chiffres clés
11,5
4 000
11 500 000
Résultats
- Sécurisation de l'alimentation en eau de qualité
À retenir
Nouvelle étape dans le projet de maillage du territoire pour sécuriser l'alimentation en eau de qualité.
Respect des délais
Plusieurs difficultés rencontrées qui ont ajouté du temps à la mise en place du projet (actualisation du dossier réglementaire et technique suite aux évolutions de la réglementation, négociations avec les propriétaires des terrains, envolée des prix des matériaux post-covid)
Ressources
De Saint-Omer à Wizernes, en passant par Longuenesse, dix-sept mois de travaux à venir
La Voix du Nord - 25 juillet 2021
Les partenaires de ce projet
Agence de l'eau Artois-Picardie
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
V2R INGENIERIE ET ENVIRONNEMENT
Paral'Ax Architecture
Alfa Environnement
Most Ingénierie
SADE
Entreprise hydraulique et travaux publics (EHTP)
Gecitech
SET Société d’Equipement en Tuyauterie
CIEMA
Qualiconsult
SOGEA Environnement
Claisse Environnement
Actemium
ACS Expertises
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- CAPSO, 2 rue Albert Camus, 62968 LONGUENESSE CEDEX