Comment le sujet des barrières végétales au ruissellement s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
La CAPSO (Communauté de communes du Pays de Saint-Omer) est née en 2017 suite à la fusion de quatre communautés de communes. Elle a récupéré la compétence “Hydraulique douce” de l’une d’elles, la Communauté de communes du canton de Fauquembergues.
Le constat, c’est que nos agriculteurs étaient de plus en plus confrontés au ruissellement lors des périodes de pluie ou de crue. Outre l’arrachement des bonnes terres agricoles, le départ des boues cause des dégâts sur les habitations, les routes et pollue les cours d’eau. De là vient notre volonté de développer l’hydraulique douce. On évoque par là toutes les techniques végétales permettant de créer des zones tampons pour limiter l’érosion et les inondations. Ce sont des techniques moins impactantes en terme de foncier, qualitatives pour la biodiversité et souvent moins coûteuses que la construction d’ouvrages de stockage en dur. L’hydraulique douce est souvent un préalable aux ouvrages structurants dont elle est complémentaire.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Les bureaux d’études consultés nous ont donné des pistes. Nous nous sommes également inspirés d’expériences menées par les syndicats de rivières voisines, l’Aa et la Lys. Nous leur avons d’ailleurs délégué la maîtrise d’ouvrage. Ainsi, les travaux menés à Fauquembergues l’ont été par le SmageAa (Syndicat mixte pour l’aménagement et la gestion des eaux de l’Aa). Et par le SYMSAGEL (Syndicat mixte pour le schéma d’aménagement et de gestion des eaux de la Lys) pour la partie située dans le bassin versant de la Lys.
L’hydraulique douce propose des techniques végétales variées : bandes enherbées, haies anti-érosives, fascines, boisement d’infiltration, talus/fossé, mares… Dans le secteur de Fauquembergues, nous avons opté pour une solution privilégiant les haies et les fascines, plus facilement acceptées par le monde agricole.
Nous avons planté des haies d’essence locales. Sur les parcelles d’exploitation agricole nous avons installé des fascines, une structure composée de branchages enchevêtrés de manière à former un barrage. Ces fascines sont consolidées avec des haies dont les racines boivent l’eau accumulée et stabilisent le sol. La contrainte majeure pour les agriculteurs, c’est d’enlever régulièrement la terre qui s’accumule au pied des fascines.
Tous ces travaux ont été réalisés durant les hivers 2020-2021 et 2021-2022.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Nous avons fait une déclaration loi sur l’Eau. Comme nous intervenons avec des deniers publics sur des espaces privés, il nous a fallu faire également un dossier de déclaration d’intérêt général, suivi d’une enquête publique. Il a fallu presque deux ans entre le dépôt de ces premiers éléments réglementaires en 2018 et l’accord final des services de l’Etat en 2020.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Il faut avoir des compétences en hydraulique, en techniques végétales pour pouvoir valider la réalisation technique des ouvrages, sans oublier bien sûr la maîtrise des réglementations et des marchés publics. Surtout, la connaissance du milieu agricole est essentielle pour parvenir à réaliser ce type de projets. Ils ne peuvent aboutir qu’avec l’accord des agriculteurs. Il faut leur expliquer pourquoi on agit et pourquoi on a choisi leur champ.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
La mise en œuvre de ce projet relevant exclusivement de l’adhésion des agriculteurs, ils ont été bien évidemment au centre de notre démarche. Pour résumer, je dirai qu’il nous a fallu un peu de négociation et beaucoup de pédagogie. L’aide de la Chambre d’agriculture nous a été précieuse pour favoriser l’adhésion des exploitants agricoles. Une fois l’accord de chacun d’entre eux et l’autorisation administrative obtenus, nous signons une convention.
Le programme s’est terminé en 2022 et 80% du linéaire souhaité au départ a pu être planté. Cela fait un bon taux de réalisation.
Comment la CAPSO a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le projet a coûté 121 500€ HT. Il a été financé à 60% par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, à 20% par le Département du Pas-de-Calais, à 20% par la CAPSO.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la Communauté d’Agglomération dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Sur le bassin versant de la Lys :
- Flandres Artois paysage (Bruay-la-Buissière, 62)
- Association d’insertion Campagne Services (Campagne-les-Boulonnais, 62)
Sur l’Aa :
- Campagne Services
- Association d’insertion Eurêka (Royon, 62)